Les vieux pots du championnat du monde

« C’est dans les vieux pots qu’on fait la bonne soupe. »

 Il est frappant de voir que si Kramnik déclare à tu et à toi que l’aide des moteurs de recherche et de l’ordinateur en général a changé la façon de jouer, de vieilles ouvertures sont utilisées au championnat du monde de Mexico : la Petroff, la Marshall, l’Espagnole et la Catalane, le ramasse-points du père Kramnik. Cette ouverture, a été, rappelons-le, inventée par l’ineffable Tartacover qui s’en explique
d’ailleurs dans son succulent Tartacover vous parle, publié juste après sa mort.

Je me souviens encore d’une remarque que m’avait fait Guelfand : « Pourquoi je n’ai pas joué la Petroff plus tôt, les blancs n’ont rien et les noirs peinent juste un peu pour égaliser. » C’était, il est vrai, avant que le plan avec le grand roque joué dans ce tournoi, ne revienne à la mode. On pourrait faire la même remarque sur la Marshall: dans un style plus dynamique, il faut être affûté sur le plan théorique.

Après trois rondes, deux choses m’ont marqué : le jeu créatif de Morozevitch dans des positions théoriques au sortir de l’ouverture. Impossible de deviner ses coups, notamment dans sa victoire sur Svidler avec son Db1 ; et dans le duel Kramnik-Anand, j’aurais bien aimé savoir à partir de quand, dans la finale de tour, l’un ou l’autre a vu le pat final. Ils ont joué à toute blinde. C’est sûrement un indice : ils ont le niveau de champion du monde ! lol!