Le Monde : C. Lemoine éjecté et remplacé par Lautier
Quand Claude Lemoine a débuté sa chronique dans le quotidien Le Monde, il y a quarante-deux ans, beaucoup d’entre vous ignoraient les règles ou étaient dans les limbes. Claude Lemoine, lui, était, un jeune champion de France (1958) enthousiaste. En quarante-deux ans, la formule de sa chronique n’a pas varié: une partie d’actualité légèrement commentée, peu d’analyses, parfois avec des erreurs, et une superbe ‘étude’ dont la solution était donnée aux lecteurs fidèles la semaine suivante. Du jour au lendemain, sans quasiment un mot d’explication, M. Lemoine a été congédié pour être remplacé par le n° 2 français au classement Elo et également vice-président de la FFE, le grand maître Joël Lautier.
Comment en est-on arrivé là? Simple comme un coup de fil! M. Lemoine a pris connaissance de l’oukase par un réd-chef, un ancien rédacteur de Libération – brillant au demeurant – qui était, pour l’anecdote, devenu totalement ‘accro’ à un jeu sur Minitel qui faisait fureur en 1986. Remercié comme un manant, M. Lemoine, l’un des acteurs de la décentralisation de France 3, aujourd’hui producteur bien qu’à l’âge de la retraite, est fort marri mais peu surpris. En effet, le rédacteur préposé aux articles échiquéens du Monde, Pierre Barthélémy, voulait sa peau depuis belle lurette. Voilà chose faite. Ainsi va la vie dans les journaux. D’autres ont essayé de prendre la place de Jean-Pierre Mercier à Libération, sans succès. Et le grand maître anglais Nigel Short, l’un des meilleurs commentateurs du monde, vient d’être remercié sans explication par le journal qui l’avait débauché.
Joël Lautier en pleine discussion avec Mme Ojjeh, ex-présidente de l’ex-club NAO
L’élégance du ‘licenciement-remplacement’ et la réponse faussement naïve du directeur du Monde, Jean-Marie Colombani à Claude Lemoine («Cher ami, si j’avais su…») sont un modèle de courage. De plus, M. Colombani n’entend rien aux jeux et s’en vante dans les dîners en ville. Pas bon pour les échecs tout ça. C’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles les articles sur le jeu d’échecs dans Le Monde ne passent plus comme s’en explique P. Barthélémy dans son blog, personnel à défaut d’en avoir un au sein du site du journal qui l’emploie.
Les lecteurs ont-ils gagné au change? La suite nous le dira peut-être… avant quarante-deux ans. Mais pour l’instant, Joël Lautier parle de lui à la première personne. Il s’aime beaucoup, ce vice-président fédéral. Les anecdotes sont souvent intéressantes, mais il a toujours le beau rôle. Il n’omet jamais d’écrire qu’il a battu les plus grands, ce qui est vrai. Quelques subjonctifs ornent sa prose… Mais personnellement, je préférais les chroniques d’antan, celles d’un passé simple. Celles, Monsieur Lemoine, où vous m’épatâtes chaque semaine.
Nous avons aussi perdu, au Québec, une chronique hebdomadaire d’échecs publiée dans l’un des plus grands quotidiens français d’Amérique, le journal La Presse. L’auteur en était Sylvain Barbeau. Voyant cela, il y a eu une levée de boucliers des amateurs-lecteurs, sous forme de lettres et courriels destinés aux responsables de ce arponage. J’ai personnellement fait connaître ma déception pour avoir droit, en réponse, à un commentaire du genre « nous sommes désolés; il y a un refonte de nos chroniques en fonction des goûts du public; nous espérons pouvoir bla bla dans l’avenir bla bla bla… ». Dorénavant, on parle un peu des échecs lors de grands événements, tel le TIM (Tournoi International de Montréal), mais la plume de Simon Gravel, qui est loin d’être mauvaise, s’emploie surtout à décrire les tournois de poker. Popularité oblige, je suppose…
Le départ de Claude Lemoine, pour ceux qui jouent et s’interessent aux échecs depuis 40 ans, est un simple constat de vieillesse. C’est dur, c’est sans doute fait dans des formes qu’on critique, mais il faut sans doute regarder devant, en nourissant de nouveaux espoirs.
Je me souviens de Claude Lemoine à la maison des Echecs, dans les années 70. Il sortait de chez son ministre, avec son costume 3 pièces – Amusant, et ses chroniques aussi que je lisais. Bon, j’espère que Lautier ne parlera pas trop de lui-même dans ses chroniques. Place aux jeunes.
Ouais, moi aussi je regrette les chroniques de Lemoine dans leur austérité érudite et l’étude qu’il proposait, toujours un régal. Je les découpais pieusement, pour plus tard… Lautier, comme Bacrot dans Paris Match, ajoute une signature prestigieuse après un texte souvent nombriliste et anecdotique, vite lu, vite oublié…
Capa,
scandaleux peut-être pas.
Mais planifier son remplacement et ne pas l\’informer, établir une liste de remplaçants éventuels sans lui demander son avis, puis le remercier de façon un peu sèche (tous faits confirmés par Pierre Barthélémy),
ce n\’est quand même pas très élégant !
Ainsi va le monde…
Après une petite vérification dans big database il est utile de rappeler que Claude Lemoine est né en 1932, fut champion de France en 1958 et a occupé des fonctions de directions dans FR3. C’est donc un monsieur de 74 ans, qui connaît bien le milieu du journalisme. ESt-il vraiment scandaleux qu’il soit remplacé par un professionnel des échecs d’une autre génération (Lautier ou un autre)? Je ne le pense pas.
Capa
Bravo Bouton pour ton article!
C’est vraiment dommage que lemoine soit congedie de la sorte…
J’ai toujours aimé ses chroniques, elles me berçaient et m’enchantaient depuis mon enfance…
c’est vraiment dommage
C’est vrai: il est finalement très petit le monde franco-français des échecs…
Petit aux deux sens du terme.
Pas grand : n’est-ce pas toujours les mêmes qui causent ? Avec une pertinence et une légitimité souvent douteuses…
Et un peu mesquin: surtout entre eux.
Est-ce parce qu’ils jouent aux échecs qu’ils sont devenus comme ça ? Ou est-ce parce qu’ils sont comme ça qu’ils jouent aux échecs ?
Chhuttt… Je préfère me taire… Qu’on égratigne les joueurs soit, mais ne nous mettons pas à attaquer le « noble jeu »!!
Bouton n’est qu’un crétin capable de publier sans autre commentaire des photos de la tombe d’un russe blanc qui plus est collaborateur notoire avec les nazis et condamné. Nous irons cracher sur vos tombes.
Message à M. Besse: ok, vous avez signé de votre vrai nom. OK, vous dites ce que vous pensez sur Alekhine, sa tombe, les nazis etc. Une fois, deux fois. Trois fois. Mais pas plus svp. Et surtout quand vous prenez des pseudonymes (quel cran!) comme LB, Bruce Lee afin de vous autorépondre. Ca me rappelle les dénonciations anonymes. En tant de paix, c’est pénible, en tant de guerre, ça peut coûter cher. Bon, mais ici, on essaie de parler d’échecs en rigolant. Ne m’obligez pas être sérieux! 🙂
Si quand même: comme dirait Balladur, ‘je vous demande de vous taire’ (maintenant, et sur ce sujet). Soyez responsable et si possible, raisonnable. Cela vous fera le plus grand bien. Et à nous aussi. Bonnes parties dans votre club d’Aquitaine.
sans commentaires comme les parties publiés dans le monde!
Puisque je suis directement mis en cause dans cette note, je me permets de réagir. Contrairement à ce qu’affirme Christophe Bouton, je ne voulais pas la peau de Claude Lemoine. Je ne sais d’où vient cette information car Christophe, en bon journaliste qu’il est, n’a pas voulu me donner ses sources. Il m’a juste suggéré de répondre ici. J’aurais simplement souhaité que, en bon journaliste justement, il prenne la peine de vérifier cette information… Je ne lui en veux pas mais je tenais à rectifier cette erreur. Ceux qui connaissent mon travail sur les échecs (fait en pur bénévole depuis 1993) savent que je fais tout ce que je peux pour qu’on parle un peu de ce sport dans mon journal. Je suis donc un peu écoeuré que l’on me mette au centre de magouilles aussi sordides qu’imaginaires.
Par ailleurs, il est vrai que, au moment de la nouvelle formule du « Monde », il y a un an, Claude Lemoine, avec qui j’ai toujours entretenu d’excellentes relations et qui m’appelait lors des grands événements échiquéens, a été remercié de manière un peu sèche (non par un rédacteur en chef mais par le secrétaire général de la rédaction) au vu de ses longs et loyaux services. Je le regrette. Cela dit, Le Monde voulait simplement renouveler les auteurs des chroniques de jeux et Claude Lemoine avait largement dépassé l’âge de la retraite. Ce renouvellement n’a pu se faire pour toutes les chroniques mais lorsqu’on m’a demandé mon avis, j’ai donné plusieurs noms pour le remplaçant. Je précise que Joël Lautier n’était pas le numéro un sur ma liste et que, s’il a été choisi, ce n’est pas, bien sûr, parce qu’il est vice-président de la FFE. Nous voulions au minimum un maître international (ce que Claude Lemoine n’est pas) et, surtout, un maître qui écrive en français et rende ses chroniques à l’heure. Je tiens à préciser que les réactions que nous avons eues à la suite de ce remplacement sont très largement positives.
Je ne suis pas surpris de cette façon cavalière de se débarrasser des gens, je ne sais pas si le monde des échecs cristallise aujourd’hui la dureté de la socièté. Mais ce que je peux dire c’est qu’à titre personnel j’ai touché du doigt le cynisme de ce milieu.
Quand je pense au fronticipe de l’association de M. Lautier l’ACP : « L’injustice fait à l’un est une injustice faite à tous » est une musique douce pour bercer d’illusions les quelques demeurés qui y croyent encore.
J’ai quand même une grande satisfaction car mes différentes actions devant le CNOSF ont fait plier dans un odre croissant : 1) Un président de ligue
2) Le bureau fédéral, dont fait partie le nouveau chroniqueur hebdomadaire de la rubrique échecs du « Monde » 3) Un comité directeur et enfin cerise sur le gâteau 4) le Président de la ffe himself et cela à deux reprises.
Daniel Ceccaldi, Président de Chess Academy
bonjour
je suis sans illusion sur les manoeuvres diverses ,compromission,et interet personnel dans le petit monde des Echecs ,beaucoup se battent pour un petit pouvoir et pour quelques Euros et a vrai dire ce n’est pas tres different du « monde du travail »ou la personne la plus cool dans sa vie privée peut « tuer son voisin pour plaire à son chef de service.Donc ma vrai surprise est plutot :quel etait le jeu qui faisait fureur en 86 ?