Mon championnat jeunes (1)

Vous n’allez pas le croire, je vais me débarrasser prochainement sur e-bay d’un joyau : le bulletin du premier champion du monde cadets 1977 qui s’est déroulé à Cagnes-sur-mer, France. Parmi les participants : un certain Kasparov ou Casparov selon les pages où l’on ne lit que des coups dactylographiés sans diagramme. Y’avait du beau monde : parmi ceux qui, pratiquent trente ans après, on trouve : Short, McNab, Morovic, Arnason (vainqueur), Santo-Roman, Leski, Negulescu et tant d’autres.

L’organisation de ce championnat était présentée comme un exploit. Et il y avait de quoi. Dans ces années-là, les petites catégories n’existaient pas. De la même manière, bien jouer aux échecs avant-guerre quand on avait moins de dix ans tenait du génie. Du coup, en voyant ‘ Casparov’, la souris m’a ramené sur le championnat des jeunes en France ET en Russie. Ils viennent de se dérouler presque en même temps.

Point commun : la masse, plus de 1000 compétiteurs. Différence : la FFE convainc les mairies avec un argument choc : plus de mille compétiteurs et des gentils accompagnateurs se transformeront en gentils consommateurs pendant une semaine. Y’a bon pour la TVA, ça fait marcher le commerce ma bonne dame ! Et en Russie ? Bah… les échecs sont un sport, pas un produit. Donc ça joue dur d’autant que pour les premiers, c’est encore une assurance de faire rentrer de l’argent dans la famille. Donc pas d’open d’accompagnateur. Pas de parties en direct non plus, elles arrivent en différé le soir sur le site Internet. Pas de scène avec des écrans.

Téléportons-nous en 1977. Autant que je me souvienne, Nikitine n’avait pas été très content du résultat de son poulain dans ce tournoi ; c’est ce qu’il explique dans Kasparov (Payot). Il le prépara pourtant comme un malade comme en atteste la partie où Kaspi joue à mort pour la nulle contre le leader américain Whitehead. Mais en pratiquement trente ans, qu’est-ce qui a changé ? À rejouer les parties de ces gamins, on se rend compte que le niveau était déjà très élevé pour les meilleurs. Ce qui a significativement changé, c’est la résistance des patates : la base de la pyramide s’est élargie. Depuis, la FIDE a transformé les championnats du monde jeunes en un business. Ça donne un peu froid tout ça … Bon, je retourne bronzer dans mon polycopié de 1977, sous le soleil de Cagnes-sur-mer !

Kasparov (URSS) – Weider (Pologne), Cagnes-sur-mer, 1977

1.d4 Cf6 2.c4 b6 3.Cc3 Fb7 4.Dc2 d5 5.cxd5 Cxd5 6.Cf3 e6 7.e4 Cxc3 8.bxc3 c5 9.Fb5+ Fc6 10.Fd3 cxd4 11.cxd4 Fb4+ 12.Fd2 Fxd2+ 13.Dxd2 0-0 14.0-0 Cd7 15.Df4 Db8 16.Dg4 Db7 17.Tfe1 f5 18.Dh3 Tf6 19.exf5 exf5 20.Te7 Fxf3

21.Fxf5!! Tf7 22.Tae1 g6 23.Txf7 1-0