Souffler n’est pas jouer !

Vous l’avez déjà fait ; personne n’ose pourtant parler du phénomène : souffler les coups ou parler d’une partie voire dicter les coups ou une variante à son camarade pendant que celui se relaxe outrageusement. C’est si vrai que l’on retrouve dans les analyses des plus grands des anecdotes sur de courts dialogues entre grands maîtres pendant la partie. Si bien souvent ces histoires avec paroles ne portent pas à conséquence, elles mettent la pression sur le joueur resté à la table. Si le souffleur est BEAUCOUP plus fort, alors une variante que le « soufflé » n’avait pas envisagé va le faire douter. Et de se rasseoir dare-dare. Les grands spécialistes de ces discussions sont les Russes. Pas par esprit de tricherie, mais par habitude. Combien de fois Tal, Bronstein ou Smyslov aimaient résumer d’une blague l’inconfort d’une position d’un compatriote ou adversaire selon les cas.

Les habitudes ont perduré. Mais là où la discussion pose problème, c’est pendant les matches par équipe. Vous êtes table 7 ou 8. Restons dans le style de l’Internet et respectons votre anonymat : vous vous appelez Patatomartin. Un grand maître Visionovitch tient le premier échiquier. Il sait tout des finales. Il anticipe les manœuvres. Il manie la psychologie sans égal. Vous avez la bonne position. Mais pour le bon plan dans le bon ordre, c’est comme s’il s’agissait de faire lever l’équipe de France à 8 heures du matin pour aller voir le Taj Mahal. C’est à votre adversaire de jouer. Vous vous levez. Visionovitch vous souffle le plan. Vous l’exécutez. Résultat : vous avez gagné un temps précieux et votre adversaire Patatodurand ira même jusqu’à vous féliciter. Incroyable ? Mais vrai. Dernier conseil de souffleur : évitez d’en parler, le monde échiquéen adore le non-dit.