Top 16 : visite blitz à Chartres (ronde 9)

Comme lors de la dernière visite, le Top 16 se déroule au niveau -2 de la mairie de Chartres. Parking tout proche, air climatisé, arbitres invisibles, joueurs et joueuses si sérieux. Ivanchuk (Chartres) est au premier échiquier.
Il est comme à la datcha : sandales de rigueur, mais pas de scandale avec lui. Il regarde dans le vide comme lors de sa première visite en France, au championnat jeunes à Champigny en 1984, bouteille de Coca sur la table ; avec le temps, il se crotte le nez pendant les parties, mais peut te réciter toute une soirée des poèmes de Pouchkine.
photo FFE/Capitaine de Bischwiller Sébastien Mazé

Tu es dans le nuage d’une partie et soudain, clic, clac, clic, clac, merci Kodak. Ce sont les hauts talons d’une joueuse qui a tenu à rester discrète. Rien de grave, les rares spectateurs ont à peine le droit de chuchoter, au moins cela met une ambiance dance floor.

Cette année, le nombre des baskets a dramatiquement baissé remplacé par des T-shirts « stylés ». Quelques ringards portent des chemises à carreaux, d’autres n’ont pas bouclé leur ceinture, il faut tourner la tête pour ne pas entrapercevoir leur gras fessier.

Le T-shirt de ‘Cornetta’ alias Mme Daulyte-Cornette remporte tous les suffrages. On y lit : ‘Excuse My French’. Ses pieds ne touchent pas le sol, on croit à une blague. Peu de Russes à cause de la guerre, ils sont remplacés par des Indiens. Et, nouveauté dans l’air du temps : deux transexuels à l’échiquier féminin.

On croise le poli Fressinet, cheveux poivre et sel, toujours aussi indispensable avec les noirs dans le dispositif de l’invincible Bischwiller qui n’a pas perdu depuis 63 matches ! Le non revanchard ex-président FFE Moingt file dans le studio de l’excellent Gozzoli ; tous deux finissent par craquer au bout de quinze minutes : ils balancent, complices, leur score contre tel ou tel. Mais c’est intéressant. Moingt reconnaît qu’il sait parler à l’oreille de ses poulains quitte à « être parfois odieux ». Ce sera confirmé dans la soirée par un joueur de son équipe qui me fait savoir qu’il est « autoritaire ». C’est vrai qu’avec le temps, il a pu développer ses qualités de diplomate.

Mais globalement son analyse des résultats moyens de son équipe (Asnières) au micro titillant et frétillant de Gozzoli est juste (« fin d’un cycle ») sans qu’il réalise qu’il est lui-même dans la fin de cette bicyclette. Moralité : dire à grand-mère qu’on a fait du vélo.

Puis les nerfs lâchent. Il considère que Niemann a une tête de ‘sale gosse’, le dialogue mérite un 16/20 de l’entre soi. Il en remet une couche sur ‘on joue toujours à Chartres’. T’inquiète Jicé, tu sais très bien que l’an prochain, tes vœux seront exaucés.
Notre président fédéral Éloi Relange (Club 608 Paris au 2e échiquier) a tombé veste, cravate et sourire semi-chinois comme sur les photos du site FFE… mais abandonne en 22 coups contre le GMI allemand Bluebaum. Comme dit le perspicace Jicé Moingt, ça arrive. Un joueur a bien perdu en 6 coups dans ce championnat de l’excellence.

Les deux compères ont parlé de la triche et il paraît que Bacrot n’aime pas les conditions de jeu car l’on peut sortir. Moingt : « Oui Étienne doit sortir car il est fumeur. » Ding, ding, mise à jour ChessBase… Avec son sourire modeste, Gozzo réplique pleine ligne : « Non, il ne fume plus ».

Passionné spectateur, si tu veux voir un spectacle avec autant de titrés avant dimanche, munis toi de ©Crocks car tu vas beaucoup piétiner entre les travées. Trouve un pote pour boire un coup sur la terrasse sympa sise à la mairie. Et refais le monde de ce Top 16 dont le budget total des équipes avoisine les 800 000 € pour moins de 3000 spectateurs par jour.

A quoi sert un Top 16 ?
Pourquoi les budgets des équipes s’étalent entre 30 000 € et 100 000 € ? Petit retour en arrière sur ce blog même ; tape dans la loupe Top 16 avec ou sans espace et tu en apprendras de belles.