Corse : Bellicou condamné en appel à 20 ans pour viol

Le procès en appel pour viol sur mineure et attouchements sexuels sur d’autres de Dominique Bellicou, ancien prof d’échecs salarié de la ligue de Corse, a eu lieu du 31 janvier au 4 février 2020 aux Assises de Haute-Corse (Bastia). L’accusé a été condamné à 20 années de réclusion criminelle assorties d’une peine de sûreté des deux tiers. Le maximum prévu par la loi… et plus encore (voir ci-dessous). Avec ses presque quatre années d’incarcération effectuées depuis la révélation de l’affaire en 2016, il sortira au mieux à l’âge de 79 ans.

Voir l’article complet de Corse-Matin à la suite des trois heures de délibéré, le 4 février 2020.

Mars 2019, 1re instance à Ajaccio et l’appel en février 2020.
Le procès de 1re instance avait eu lieu en mars 2019 à huis clos à Ajaccio. Pas l’appel qui a été public. Nadia* (prénom changé à la Corse-Matin) a subi des viols _ atroces _ à partir de 2010 pendant environ quatre ans. La fillette avait entre 7 ans et demi et 12 ans. Lui entre 57 et 60 ans. Cela se déroulait au club d’Ajaccio, au domicile du prof d’échecs ou de l’enfant. Ce Dominique Bellicou, pourtant très bon prof d’après la ligue de Corse, a pris sa retraite en décembre 2014… après quatorze années où il a formé des centaines de jeunes.

Championne de France malgré tout
Malgré l’enfermement dans le silence, comme toute victime sous emprise d’une personne ayant autorité, Nadia* a pu devenir championne de France de sa catégorie et s’aligner sur plusieurs podiums au cours de cette période !
Elle fait depuis de nombreuses années l’admiration de ses camarades corses. La ligue de Corse l’a mise en avant, un temps… On retrouve des portraits d’elle dans diverses revues en ligne. A ces périodes, elle subit les infamies du prédateur. Elle ne dit rien à sa famille, à aucun joueur/joueuse ou responsable.

A plusieurs reprises lors du procès en appel, Nadia*, 16 ans aujourd’hui, a fait des malaises. Elle affirme « vivre dans un tunnel » depuis qu’elle a huit ans. Aujourd’hui, elle n’est plus licenciée à Ajaccio ou en Corse, mais dans un fort club du « continent ». Elle rejoue, retrouve les amis et se reconstruit.

Pas de début de partie… civile !
Que ce soit en première instance ou en appel, la ligue de Corse ne s’est pas portée partie civile ! La ligue, « organe déconcentré » de la FFE selon l’expression consacrée, n’a pas dû se concentrer juridiquement sur ce cas qui aurait pu donner l’exemple pour d’autres ligues.
Juridiquement, puisque la ligue n’est pas partie civile, M. Bellicou, salarié de la ligue au moment des faits, n’a pas porté de préjudice moral à l’institution. Il a été reconnu pédophile sur ses lieux de travail, mais non, pas de préjudice.

Interrogé, Léo fait du Léo
Le président de la ligue de Corse, Léo Battesti, était convoqué es qualités dans le procès en appel en tant que témoin. Il a donc commencé par la phrase rituelle : « Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité. »
Léo, tu ne l’interroges pas comme cela. D’habitude c’est lui qui parle et toi qui écoutes. Après quinze bonnes minutes de blabla sur l’hyper développement des échecs dans l’île et zéro tracas sur l’affaire, il a été stoppé par la présidente qui lui a rappelé qu’on jugeait ici M. Bellicou en appel au nom du peuple français et que le panégyrique des « échecs insulaires », cela suffisait. Léo a été malmené ensuite par l’avocat général et les avocates des parties civiles.

Ses réponses (en italique), enfin, celles de la ligue par sa voix. La ligue de Corse semble pratiquer comme d’autres le centralisme démocratique à l’insu de son plein gré :
Oui, il a eu connaissance des faits seulement une fois l’affaire rendue publique.
Non, il n’a pas osé contacter la famille de Nadia*.

Quoi ? Léo ne pas oser ? Les traditions corses se perdent…
Il connaît la multiple « podiumée », un pur produit des « échecs insulaires ». Il a même joué (source : fide.ratings) contre elle une fois en parties longues. Elle avait 9 ans, elle était déjà abusée. Léo avait gagné la partie. Nadia* était murée dans son silence avec souvent, des comportements anormaux détectés par sa maman, bien loin de penser au pire.

Oui, la ligue aurait pu se constituer partie civile a déclaré Léo à la barre.
Non aucune réponse n’est apportée quand l’avocat général lui fait remarquer que « ce n’est pas trop tard ».
Oui, il a subi un « choc » en apprenant la terrible nouvelle. Et parle même de « traumatisme » à son endroit.

Euh… allô, non mais allô, où est la compassion à la barre ? Si les avocates de la famille d’autres victimes de Bellicou ont signalé des dysfonctionnements suite aux signalements dans des écoles partenaires de la ligue où Bellicou intervenait, l’organe déconcentré de la FFE (comme souvent les fédés ou ligues sportives en pareil cas) n’a pas su quelle attitude adopter? Qu’en aurait-il été si un enfant de l’un des six membres du Bureau de la ligue avait été concerné ?

Le communiqué de la ligue après le verdict. Qui est victime?
« La ligue » a « refait le match » dans un communiqué publié sur son site… en invectivant l’avocat général. Cet exercice de self-défense en mode phraséologie ne peut que se décrypter à la lecture de l’article de l’Équipe sur la pédophilie dans le sport où les premiers signalements du sieur Bellicou sont mentionnés.

Le communiqué : On y apprend que les cours privés « ne sont pas autorisés par la ligue ». Rompez!

Oui la ligue n’a aucune responsabilité dans cette triste affaire. Oui, ce communiqué aurait pu être constitué principalement de mots réconfortants pour les victimes “assortis” de compassion maximale. Des mots réconfortants, il y en a eu énormément : 18. Six fois trois. Les 18 mots de la 2e ligne.

Une déflagration, la déflagration
Comme le signale un proche de la ligue, cette affaire est « une déflagration dans la communauté échiquéenne insulaire . Ici, tout le monde se connaît. On va le payer très cher et l’affaire n’est pas finie. »

Le détail de la condamnation (4 février 2020)
L’arrêt de la Cour d’assises de Corse siégeant à Bastia, a déclaré Dominique Bellicou coupable de viols aggravés par plusieurs circonstances. Il a été condamné à :

– 20 ans de réclusion criminelle avec une période sûreté des deux tiers.

– L’interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs.

– Une mesure de suivi socio-judiciaire d’une durée de 10 ans avec une peine de 7 ans d’emprisonnement encourue en cas d’inobservation de cette mesure.

L’insoupçonnable ‘Dumé’
Voici ce qu’on peut lire sur le site de la ligue de Corse (novembre 2014) pour fêter le départ en retraite de Dominique Bellicou : « Après 14 ans d’activité au sein de la ligue, Dominique Bellicou méritait bien une longue ovation. Il a initié des milliers d’enfants de la région avec une force pédagogique inouïe et un grand professionnalisme. Bravo Dumè ! » ‘Dumé’ n’était pas encore démasqué à ce moment-là. Monstrueux!
Oui, c’est le syndrome du criminel, « ce voisin qui était si sympathique ». De prof d’échecs, ‘Dumé’ est aujourd’hui passé au statut de « pointeur », violeur dans le jargon pénitentiaire. Pour de longues années.

Le parcours de Bellicou selon lui-même
http://fr.viadeo.com/fr/profile/dominique.bellicou1
http://fr.viadeo.com/fr/profile/dominique.bellicou
https://fr.linkedin.com/in/dominique-bellicou-271a4074

Papi Bellicou est dans Papi
Bellicou, né en 1953, est dans le logiciel d’appariement de la FFE, “papi’ et est toujours présent sur le site de la FIDE. Son Elo est de 1850 et ses dernières parties de compétition remontent à 2014, l’année de son départ en retraite.

La FFE en parle sans en parler
Le verdict de cette triste affaire est tombé suite à la publication du livre de l’ancienne championne de platinage artistique Sarah Abitbol où elle révèle les viols subis par son entraîneur pendant des années. Ni la fédération ni Europe Échecs n’ont explicitement parlé de l’affaire, mais la fédération a publié un communiqué sur la “prévention des violences dans le sport”. Comme toutes les fédérations sportives, la FFE suivra les directives du Ministère des Sports.

Le procès en 1re instance en mars 2019 à Ajaccio vu par Via Stella (France 3 Corse) et Corse-Matin