2 rapports textuels en 1 jour : Salazar destitué !

Le président Diego Salazar a été destitué lors de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) du 26 mars qui a eu lieu au sein du club SCPO (Sporting Cheminot Pratique Omnisport) à Paris. La raison ? L’AGO avec ses 66 porteurs de voix représentant 42,5 % des clubs « n’a approuvé ni le rapport financier ni le rapport moral » d’après le communiqué fédéral publié lundi 28 mars dans la soirée soit deux jours après. L’élection de 2013 avait rassemblé 70 % des clubs.

Après des invectives furibardes, bien orchestrées et souvent bien argumentées ‑ à la trotskiste pour déstabiliser une réunion ‑, trois variantes ont été proposées à l’assemblée après une interruption de séance d’une heure : le président s’en va et on attend les élections de 2017 ; le président s’en va avec élections anticipées ; et une troisième qu’on m’a rapportée et que j’ai oubliée… La deuxième a été retenue : président destitué et élections à l’AUTOMNE 2016. La raison principale ? L’exercice déficitaire : – 169 531 euros !

Dans « l’ouverture », le président avait pourtant inventé le « gambit Dieguito » en annonçant tout de go qu’il ne toucherait plus de salaire. Pas mal, d’autant que son prédécesseur avait fait voter l’inverse par une AG.

L’indemnité de départ du directeur général avait déjà choqué les petits clubs. Elle n’était pourtant pas illégale, mais simplement à la mesure du salaire démesuré auquel… la précédente équipe l’avait engagé.

J’ai failli aller sur la scène du fight. Mais une mauvaise fièvre m’a laissé sur la case e2. Toute la journée, mon esprit a déliré : sur le ring, le retour du Léorateur en train de balancer des low kicks à Dieguito, lequel voulait annexer la Corse tout entière avec une clé comme en lutte gréco-romaine. Moingt avait le nœud pap’ de Don King et encaissait les paris, son éternel factotum Vérat passant l’éponge… sur le front des combattants. Quelques Doliprane© plus tard, j’ai su le refus totalement inédit de l’AGO via un communiqué en français du site de la Lega Corsa di Scacchi avec les Corses exacts euh… pardon! avec les scores exacts.

Bien vu, mais l’organe déconcentré îlien (la ligue de Corse en français vulgaire) était comme reparti en campagne pour pilonner la fédération, Salazar et tous ses saints. Cette ligue dynamique a retrouvé en loucedé le chemin des licences A qu’elle avait un temps interrompu. Préjudice pour la FFE et donc tous les licenciés : une bricole, 3 000 euros par an. Ce n’est pas plaisir, mais simplement parce que les licences A sont comptabilisées l’année précédant l’élection (2017) pour déterminer le nombre de voix ! On boude et on a le sens du collectif comme on peut.

Presse spécialisée : zéro blabla

Les professionnels de la profession, à commencer par la FFE elle-même et le mensuel hésitant Euh-Euh n’ont rien dit de cette destitution ni le samedi soir ni le lendemain, le dimanche de Pâques. Motus. Nada… bien que le rédacteur en chef gratuit Babar Kouatly fût présent et actif en vrai-faux juge de paix avec sourire commercial puisque EE a un contrat avec la FFE. Zéro détail supplémentaire deux jours plus tard sur le site de la revue quinqua en dehors du communiqué fédéral recopié. Pudeur de l’immense et modeste grand maître sans doute…

Léorateur est ressorti du bois sur France 3 Corse en prétendant qu’il avait été victime “d’attaques racistes lors de la campagne”. Bon, on ne va pas refaire le match de 2013 jamais digéré, mais une analyse avant l’élection montrait que le taux de participation et l’engagement des petits clubs seraient déterminants. Ce qui fut dit fut fait ric-rac à 17 voix près. Mais à la télé, on peut dire n’importe quoi sans être contredit et chauffer la vraie-fausse opposition Corse-continent sur 64 cases… France 3 Corse a par exemple affirmé sans rire qu’il y avait 7 000 licenciés sur l’île. Archi faux, c’est dix fois moins, 763 actuellement entre la Haute-Corse et  la Corse-du-Sud.

Au delà des polémiques qui ont véritablement pourri la sérénité des débats, quelques clubs présents ce samedi noir rencontrés le lendemain en visitant la Nationale II féminine au Chesnay m’ont fait un compte rendu. Ils sont restés effrayés par trois choses : la découverte d’un déficit abyssal, la violence inutile de certains échanges arrogants et la peur d’une mise sous tutelle du ministère. Cet instantané subjectif de « petits clubs » d’Île-de-France assez peu versés dans la guerre des chefs démontre leur inquiétude ajoutée à celle de la baisse des subventions qui va toucher tous les conseils départementaux d’IDF. Et encore, ils ne sont pas concernés par la fusion des régions !

Les différentes interventions notamment de l’ex-président Lambert et du Babar  sur le thème « lavons notre linge sale en famille avant une mise sous tutelle » n’ont pas calmé les anti-Salazar. Il n’est pas sûr que tous aient compris la bonne combinaison à trouver entre des erreurs commises, des problèmes structurels que l’on devine à la lecture du bilan comptable et une bonne gouvernance à inventer par un président qui fédère et qui ne divise pas. On parie sur la réponse d’un audit en cours du ministère ?

Où est la solution ?
Le rapport de la Commission de contrôle économique et de gestion (ce machin existait avant ?) fait la part des choses. Le ton faussement mesuré tourne à l’opération chirurgicale de précision à l’instar des rapports de la Cour des Comptes. Trois exemples parmi un florilège de remarques qui laissent pantois :

« Globalement le diagnostic est clair : le budget 2015 a été établi dans une perspective exagérément optimiste pour ce qui concerne l’évaluation des recettes prévisibles. C’est particulièrement remarquable pour ce qui concerne le financement des Championnats de France Jeunes et Adultes. »

« La déroute constatée au niveau de la rentabilité de la boutique se passe de commentaires (marge réelle 416 euros contre 43 000 prévus !) »

« Depuis maintenant longtemps, la Fédération vit au-dessus de ses moyens. Le budget qui nous est présenté ici, rédigé à l’évidence dans la hâte, ne nous convainc pas de son efficacité. »

A bien lire entre les lignes et à consulter les documents reçus par les clubs AVANT l’AGO, la question se pose de savoir si on est dans une fédération d’amateurs. La réponse est oui sur la durée multipliée parfois par un coefficient corrélé à l’ego du président en place.

Les dirigeants de la fédération n’ont pas géré l’argent comme si c’était le leur voire même celui de leur club. Et les différentes assemblées générales votant pour tel ou tel ont aussi eu leur part de responsabilité qu’elles rejettent aujourd’hui sur un président et son équipe.

Échec sans provisions

La dure loi comptable leur renvoie une image. La FFE est une petite PME qui se prétend sportive. Elle est engluée depuis toujours dans une guerre des chefs avec un comité directeur sans réel pouvoir. Les dérives ont été acceptées/contestées mais avalisées (salaire coquet d’un Dg, paiement du président fédéral etc.) au fil du temps.

Les frais de personnel sont, par nature dans une PME, inflationnistes et les recettes tendanciellement en baisse… avec le départ programmé de la BNP. Que faire pour boucher le trou ? Sauf à trouver d’urgence un gentil mécène, la FFE va mettre au moins quatre exercices comptables à s’en remettre. Avec un petit nuage dont personne ne parle car tout le monde veut regarder ailleurs : de lourdes condamnations juridiques possibles ces prochaines années. Ou pas. Et ça aussi ça se provisionne…

Pâques 2013: Une photo historique avec les résultats officiels ; personne ne s’attendait à une victoire de la liste Salazar, encore moins avec un écart de 17 voix…

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