A quoi sert le top 12 ?

Le championnat de France par équipes de première division se déroule actuellement à Haguenau (Bas-Rhin). Il réunit 12 équipes de 8 joueurs dont une femme de nationalité française. Cette règle est exactement la même que celle appliquée dans les divisions inférieures jusqu’en N3.

Le champion de France en titre Clichy déroule les matches les uns après les autres et devrait engranger un titre supplémentaire. Ce championnat sur 11 jours permet aux joueurs du top de toucher quelque argent et aux dirigeants de repérer des noms pour des saisons suivantes. Sportivement, on voit encore beaucoup de nulles sans jouer… tolérées par les capitaines. Financièrement, c’est un gouffre pour les clubs.

Mais à quoi sert le top 12 ? Revue de presque, cliquer ligne suivante

Impact médiatique
Il est quasiment nul sauf localement. L’ancienne formule qui consistait à jouer le championnat en plusieurs phases avait au moins le mérite de montrer aux sponsors publics la tête de leurs équipes. La FFE a entamé auprès des clubs concernés un sondage afin de caler la “bonne formule”. Affaire à suivre.

Un championnat de professionnels
Qui peut bloquer 11 jours dans un championnat ? Les professionnels et semi-professionnels. Les autres, titrés comme amateurs, doivent prendre des vacances. Compensation : ils prennent un petit billet au passage et voient les amis et forts joueurs.
En Allemagne, le championnat est divisé en 7 week-ends, ce qui permet aux nombreux amateurs titrés de jouer. Les trois dernières rondes de cette saison (vendredi au dimanche matin), toutes les équipes étaient réunies dans un château.

Revenons à Haguenau.
Le coût pour les clubs est tellement énorme (déplacements, hôtel, restaurants, cachets) que quelques équipes de cette saison penseraient à ne pas jouer l’an prochain. Autre astuce également utilisée par certains clubs qui la jouent « copain » : payer les joueurs avec des mois et des mois de retard. Le pire, c’est que les gros z’Elo restent.

2013_Haguenau.jpgRetransmission sur le Net
C’est ce qu’on peut faire de plus laid au XXIe siècle. La fédé n’a toujours pas investi de ce côté-là. Elle vit sur son acquis en dépêchant matériel et personnel pour une retransmission certes gratuite mais pleine de bugs.

De nombreuses parties donnent des coups faux. De plus, il faut ouvrir quatre écrans pour suivre l’évolution des parties et des scores pour toutes les équipes. Un seul suffit pour le championnat allemand avec l’évaluation Houdini en direct. Une autre planète où le mot service a du sens et où le licencié (payeur) est respecté.

Joueurs : combien touchent-ils ?
Chaque club a ses spécificités. Certains joueurs jouent gratuitement par fidélité ou parce qu’ils sont salariés du club. L’immense majorité touche un cachet, plus couramment un cachet global quel que soit le nombre de parties jouées. Évidemment la hauteur du cachet dépend du classement et de la négociation.

Par partie, cela peut aller de 200 € pour le petit maître français à 2000 € il y a quelques années pour un joueur de classe mondiale dont le nom débute par K. Sachant que Karpov, Kasparov et Kramnik ont participé au top 12 ou équivalent, faites vos jeux ! Mais on peut aussi avoir des joueurs du top 10 mondial pour 400 € par partie!

Embaucher des retraités
Une manière de faire baisser les coûts est d’embaucher des joueurs “retraités ou semi-retraités” en mode pote si possible. C’est le cas de Malina Nicoara (Strasbourg), Cyril Marcelin (Bischwiller), les Évryens Bergez, Leroy, Relange et Nataf, ainsi que le vétéran toujours jeune Anatoly Vaïsser (Strasbourg).

L’échiquier féminin
Une équipe très forte avec une très forte joueuse au dernier échiquier part quasiment avec un point de partie d’avance. C’est le cas de Clichy (Skripchenko), Châlons-en-Champagne (Benmesbah) et Guichard (Vandœuvre).

Le cas de la meilleure joueuse française Marie Sebag est particulier. Elle joue entre le 3 et le 5 à Évry qui aligne aussi Sophie Milliet. Un bon pied de nez au règlement et une féminine de moins pour les autres équipes, mais au total un budget en berne pour Évry si l’on en croit les trois derniers échiquiers. Précision : léchiquier féminin dEvry est un mâle du nom de Luc Bergez.

On note trois équipes présentant une joueuse avec un Elo inférieur à 2000, ce qui est un peu ridicule sachant que certaines équipes de Nationale 3 jouent avec une joueuse d’un tel niveau. Que ce règlement sur la joueuse française obligatoier continue encore quelques décennies !

Le championnat allemand ne s’est embarrassé d’aucun problème : on peut aligner huit étrangers si l’on veut et les femmes ont leur propre championnat. Au final, c’est le budget du club qui décide. C’est moins hypocrite qu’en France où l’équipe gagnante a souvent le plus gros budget.

Photo: Ville de Haguenau