Le dernier ‘bijou’ de Capablanca

L’historien Edward Winter a récemment publié une partie de Capablanca restée jusqu’ici inédite. A la fin des années 1930, Capablanca avait donné à sa dernière épouse comme un ‘bijou’ une partie privée jouée contre Tartacover à l’hôtel Regina, à Paris. En 1987, Mme Capablanca, une princesse russe, voulut mettre à prix la feuille de partie écrite (en notation descriptive espagnole) de la main du maître sur le papier en-tête de l’hôtel pour 10 000 dollars. Elle ne trouva pas preneur et la partie ne fut pas publiée. Mais le grand collectionneur américain De Lucia finit par l’acquérir et l’a récemment publiée dans son livre. Il a donné l’autorisation à l’historien britannique Edward Winter de la publier sur son site Chess Notes.

hotel_regina.JPGLe contexte : En 1938, trois semaines avant le tournoi AVRO aux Pays-Bas, Capablanca se remarie à New York. De passage à Paris à la fin des années 1930 [1938 selon Mme Capablanca], Tartacover rend visite (avec un échiquier) aux Capablanca. Ils résident près du Musée du Louvre, à l’hôtel Regina, place des Pyramides où se situe la statue de Jeanne d’Arc. Madame Capablanca est alitée, victime de ses migraines récurrentes. Capablanca, selon son épouse, n’avait jamais d’échiquier et n’étudiait jamais.

La partie : Une table est apportée par le service d’étage. Les deux maîtres entament un duel amical pendant que Mme Capablanca somnole. Avec les blancs, Capablanca entreprend de démolir sans effort Tartacover en finale. Et lègue ce « bijou » à sa femme en lui précisant que cette partie sera pour elle seule puisque « toutes ses parties sont connues depuis son plus jeune âge ».

  • Rejouer la partie sur le site de ChessBase. A noter, comment, à partir d’une position presque égale, Capablanca met la pression et fait craquer son adversaire en finale par des moyens simples. La classe.
  • Olga Choubaroff Clark (1898-1994) a épousé en secondes noces Capablanca en 1934. Après la mort de Capa en 1942 – le champion souffrait d’hypertension artérielle -, elle se maria deux autres fois. Bien que ne jouant pas aux échecs, elle visitait régulièrement le Manhattan Chess Club de New York à qui elle céda toutes les archives du grand champion.