Thibault Meynard: c’est lui l’patron?

Ronde 5 de l’Accession du championnat de France à Caen: Thibault Meynard, 25 ans et 2267 Elo rate son tournoi: il a 1 point sur 4. Il joue contre le benjamin Guillaume Lamard. La position est égale, mais Thibault Meynard, grand admirateur du comique Rémi Gaillard a fait un pari: il veut crier, comme son idole dans une vidéo désopilante à une table de poker: « C’est moi le patron! »

Tous les joueurs de l’Accession sont concentrés. Meynard donne alors sa dame en un coup en frappant sur la pièce et la pendule. Il se lève soudain et crie trois fois: « C’est moi l’patron! Je vous emmerde tous?! » L’arbitre Variniac accourt, lui demande de se taire. Meynard répond à la Gaillard en le regardant droit dans les yeux par: “OK?”

Résultat: un premier avertissement. L’arbitre lui dit que son tournoi est fini, il n’est pas apparié pour la ronde suivante. Meynard, qui a raté son début de tournoi, n’insiste pas pour rejouer. Mais l’affaire prend une tournure « National ».

Meynard a fait un pari: s’installer à la table de Dorfman lors de la dernière ronde du National le 25 août et lui proposer nulle. Meynard est en embuscade dans la coulisse. Mais Dorfman a quitté momentanément la table de jeu, son adversaire Hamdouchi réfléchit. Meynard n’attend plus: il débarque sur la scène du National, déguisé avec un masque, une perruque flashy et s’installe sur une table libre, celle où Vaïsser et Lagarde, leaders du National B, ont fait nulle en 7 coups à une ronde de la fin.

meynard,delboë,rémi gaillard,vaïsser,lagarde,dorfmanMeynard joue une partie seul ayant pris soin d’ajouter les dames préparées pour la promotion. Avec 4 dames sur l’échiquier, c’est « lui l’patron ». L’arbitre Boyd arrive. Meynard le renvoie peu aimable: « Touche pas à mon masque! ».

Cinq minutes se passent… et rien ne se passe. Bacrot reste concentré comme un monstre dans sa partie contre MVL. La sécurité arrive enfin. Un gros bras course le jeune Thibault qui slalome entre les tables. Des joueurs comme Dorfman sourient, d’autres moins. Édouard aurait même été déconcentré dans sa partie contre Le Roux suite à sa gaffe (14.Tfd1, partie 66 à rejouer sur le site fédéral).
Une blague à la Rémi Gaillard sans doute… car dans l’ouverture, Édouard « n’était pas le patron » avant l’incident et avant 14.Tfd1 d’après un gros cador du National… et d’après les moteurs aussi!

Meynard, coursé par le gros bras, échoue finalement sur sa plage favorite: la salle de l’Accession. Des arbitres lui demandent avec insistance: « Mais qui vous êtes, qui vous êtes? ». Mis à terre avec clé de bras, il refuse de retirer son masque avant l’arrivée de la police. Laquelle lui demande la raison de sa sortie. L’affaire est réglée en dix minutes sur place, et on lui a juste pris sa carte d’identité. Second avertissement fédéral donc huit mois de suspension de licence.

Europe Échecs a tout filmé. Mais dans le cadre d’un exercice de pudeur, Euh-euh hésite une fois de plus: le nom de Meynard n’est pas cité, on parle d’un « hurluberlu » sur le site et le verdict tombe: « Afin de ne pas encourager ce genre d’actions, vous comprendrez que nous refusions d’en passer les images. » Ben non, no comprendo. Et d’ailleurs voici la vidéo récupérée sur Facebook ou en bas de cette note. Cinq minutes d’une drôle d’histoire sans parole avec une suspension de licence à la clé.

Les suites de l’affaire?
La Commission de discipline va devoir statuer sur le cas d’un clown. Les deux avertissements-cartons jaunes comptent, mais aussi “pour l’ensemble de son œuvre” comme le note avec humour un arbitre.

L’arbitre en chef Francis Delboë reconnaît que « Thibault a vraiment dérangé des joueurs, aussi bien dans la salle Aula Magna (où jouaient les vétérans, l’open A, et les deux accessions) que dans l’amphithéâtre du National. Certes, tout cela peut-être fait rire quelques personnes. Mais je m’en tiens aux faits: c’était de nature à déranger gravement des joueurs d’échecs qui conduisaient une partie. Il est donc de mon “devoir” de réagir (…). C’est mon rôle: tout n’est pas permis. Il me faut ajouter que je soutiens mon collègue et adjoint Emmanuel Variniac, qui a bien travaillé, et je précise que c’est moi qui demande la sanction à la Commission de Discipline que j’ai rédigée et signée ». Après la sanction, on verra qui est ou était le patron…