Le Top 12, c’est pas top?

Nous avons reçu cette lettre ouverte seulement dimanche d’un président d’honneur d’un club du Top 12. Elle s’est perdue dans les serveurs de l’Internet et aurait dû nous parvenir la veille ou l’avant-veille de la démission de l’ancien président soit jeudi ou vendredi…

Lettre ouverte d’un dirigeant « normal » qui joue mal aux échecs, qui les aime profondément mais qui est atterré par ce qu’il constate.

Par Thierry SILVERT, président d’honneur de l’AJE Noyon, à Mulhouse et à Noyon, juin 2011.

On invente un Top 12 sur une seule session, soit 11 jours consécutifs sans même un jour de repos, au lieu d’un Top 16 sur six sessions, avec comme pieu mensonge, le prétexte d’une demande générale des clubs. En fait, les clubs interrogés sont majoritairement contre et il semble que cette lumineuse idée, imposée à tous, vienne d’un joueur à la retraite…

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On invente un Top 12 sur une seule session, soit 11 jours consécutifs sans même un jour de repos, au lieu d’un Top 16 sur six sessions, avec comme pieu mensonge, le prétexte d’une demande générale des clubs. En fait, les clubs interrogés sont majoritairement contre et il semble que cette lumineuse idée, imposée à tous, vienne d’un joueur à la retraite.

  • Quand il y avait 16 clubs, il y avait 4 sessions à 4 puis 2 regroupements à 8 puis 1 regroupement général ce qui permettait 7 rencontres dans 7 lieux différents et donc 7 fois le moyen de parler des échecs partout en France, dans 7 villes et régions différentes. Maintenant, un seul lieu est suffisant et à Mulhouse, on ne peut pas dire que l’on a repoussé les visiteurs à coups de pied devant leur nombre.
  • En partant du principe que l’on fasse une compétition à 12, faisons 3 phases pour, au moins, répandre la bonne parole dans 3 régions différentes (et accessoirement minorer les frais d’hôtels même si les frais de transport sont sans doute plus élevés pour ceux qui font venir des joueurs de l’étranger). On nous dit que les effets pervers de système de poule sont effacés. Ah bon?
  • Nous avons vu à Mulhouse les mêmes effets avec une immense différence: les clubs qui ne sont pas professionnels ne peuvent pas faire venir tous les joueurs, d’aucuns travaillent, d’autres étudient et/ou passent des examens, beaucoup enfin ont des obligations familiales. L’effet pervers étant de limiter les clubs, autant faire un top 4 entre amis et le tour sera joué. Une des grandes forces des échecs en France (qui n’en compte pas tant que cela), c’est de mélanger les pros et les amateurs éclairés. Si l’on veut dégoûter les petites équipes, encore un petit effort…
  • On invente des règles fabuleuses et étranges: ainsi un étranger, membre de l’UE, qui vit en France (ou censé y vivre) est considéré comme français… Sur la base d’un règlement des compétitions « méandrique », les clubs « bricolent » avec des joueurs qui ont la double, voire la triple nationalité… Tout ceci étant bien évidemment contre les règles communes européennes.
  • On invente des règles sur les féminines, sur lesquelles on revient une fois que les compétitions sont en cours (Top 12) ou terminées (Nationale I), on fait statuer des commissions… qui ne se réunissent pas, un président d’une instance de recours découvre brutalement qu’il est juge et partie et ne veut pas statuer… en interdisant aux membres de sa commission de statuer.
  • La plupart des commissions sont dirigées par des personnes qui sont directement ou indirectement redevables de la fédération, soit entre autres, parce qu’elles ont été désignées par la direction de la fédération, soit parce qu’elles sont salariées ou vacataires, soit parce qu’elles sont prébendées, soit, parce qu’elles bénéficient d’une sinécure, etc.


Autant dire que tout ceci est fait dans la plus grande clarté. Les règles sont faites par des bureaucrates des échecs qui ne les comprennent pas. C’est pathétique et kafkaïen.

On nous a longtemps cité en exemple des clubs exemplaires  pardon du pléonasme. Or l’on apprend que l’un (au moins) ne payait pas ses licences (mais passait son temps à donner des leçons), que dans un autre, le directeur sportif serait parti avec la caisse (comme dans les vieux films comiques des années 1960 de troisième zone), que dans un troisième, des joueurs ont été condamnés par la Fédération pour tricherie lors d’une (une ??) compétition internationale sans que d’ailleurs personne ne se pose la question sur une éventuelle tricherie lors de compétitions nationales (individuelles ou en équipes). Tout ceci n’empêche pas les uns et les autres… et surtout les uns… de pérorer, de lénifier, de pontifier.

Quatre jours à Mulhouse passés à discuter avec des joueurs et d’autres dirigeants… de clubs bien évidemment, les autres «dirigeants» étant tellement certains de leur fait, montrent que la majorité de ceux-ci sont exaspérés (même s’ils n’osent pas toujours le dire publiquement). Les mensonges, arrangements avec la vérité, inadéquations et autres ont l’air de ne plus faire rire et ceci n’est peut-être pas la meilleure nouvelle de l’année (qui a connu au moins une tragédie… et le mot n’est pas trop fort).

Pour parodier Clemenceau qui disait que la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires, je dirais que les échecs sont un sport trop sérieux pour le confier à des joueurs d’échecs…

Thierry SILVERT, président d’honneur de l’AJE Noyon, à Mulhouse et à Noyon, juin 2011.