L’équipe de France découvre le communisme!

Le championnat d’Europe par équipe s’est déroulé à Novi Sad (Serbie) du 21 au 31 octobre 2009. L’Azerbaïdzan obtient la première place devant la Russie et l’Ukraine. Tout s’est joué sur une partie, une seule, dans la dernière ronde. Un GMI néerlandais a complètement craquiert dans une finale de tours longtemps égale. Il permet à l’Azerbaïdzan de terminer seul pays en tête.

Et la France ? Vingt ans après la chute du Mur, elle a découvert le communisme pragmatique. Et avec Lautier comme capitaine, un comble! J’adoube. Adoptons un langage politiquement-fédéralo-correct : “Dans un grand élan de partagitude, l’équipe de France masculine a joué en équipe, en se partageant les préparations et les variantes.”

À un mois et demi du passage du Père Noël dans les foyers, cliquer ligne suivante pour la suite de la fable. Et de son analyse post-mortem, forcément mortem.

Vous vous souvenez de Tkatchiev? Oui, le champion de France qui apprend quelques minutes après son sacre qu’il ne sera pas dans l’équipe de France. Conséquence, une remise des prix à la limite du hors jeu, car déviation préalable direction boutanche. D’où selon, Lautier, sa non-sélection dans l’équipe et l’arrivée de 3 jeunes. Et puis, il y a eu récidive dans un autre tournoi où Tkatchiev a encore fait mauvaise pioche. Quel boit sans soif!
Avec une équipe de France avec Bacrot, Fressinet et les trois petits jeunes Cornette, Feller et Edouard, on allait voir ce qu’on allait voir. Aux commandes du choix, le sélectionneur Lautier. Lui seul ? Il paraît. À première vue, le choix est surprenant. En dehors d’éliminer Tkatchiev et leur permettre de jouer au plus haut niveau une sorte de stage « gratis » avec Bacrot et Fressinet, je ne vois pas quel était l’objectif.

À titre de comparaison, sur les 15 premières équipes du classement final, seule la France a envoyé des « bleus ». Des Bleus bleus sélectionnés par un bleu dans le job. Les autres équipes nationales ont pioché dans leurs meilleurs Elo et/ou dans leurs joueurs rompus à de tels événements. À force de parler du bleu, il ne faut pas en faire un fromage. Pas de vague à la Fédé, surtout…

Le communisme en chambre : Bacrot bat Aronian et la France fait match nul contre les Arméniens. C’est très fort, la partie est chouette. Un coup d’attaque joué par Bacrot a été suggéré par Feller. Feller sans Fingerfehler, c’est à encadrer. Le jeune grand maître a donné un no-nos à mordre à Bacrot. « Formidable esprit d’équipe », sonnez trompettes, téléphonons partout, y’a de la comm pour Man Claude Joint, le président fédéral. Hourrah! Les Gaulois n’éclusent plus leur cervoise seuls dans leur chambre devant leur triste ordi, mais on se la joue basket team.

Mais qui sont ces jeunes?
Feller : A l’air aussi drôle qu’un clown au chômage, la sympathie en plus. Droit et à l’aise dans ses bottes, ses parties démontrent qu’il travaille.

Edouard : Malgré son nom, c’est un Gaulois. Sur l’échiquier, il a l’air sérieux comme un petit Lautier. Mais quand il se lève, il marche comme Pluto et je ne comprends plus rien à ses parties. Le gars était hors de forme, soyons juste.

Cornette : avec 1 gain, 2 nulles, 3 défaites, c’est le maillon faible. Il est passé à côté de deux parties : une Caro-Kann avec les blancs et une Catalane avec les noirs dans la dernière ronde où il se fait gratter case par case. J’aurais bien voulu voir la tête rouge pivoine de Joël au moment où l’équipe de France était en voie de cagoulage. Ou entendre les mots rassurants après.

Bacrot : Fort, ça va. Il gère son Elo au millimètre : 2 gains, 6 nulles, 0 défaite, 5 points Elo gagnés. Comme Lautier en son temps, l’esprit d’équipe, on verra après. Il n’a pas varié de défense avec les noirs : 1.e4 e5. Du coup, le Polonais Socko place la Variante d’Échange de l’Espagnole et lui impose une nulle en 22 coups. Avec les noirs et votre nulle en 11 coups contre le Néerlandais Smeets, vous m’épatâtes, cher Étienne. Si c’est une consigne, c’est idiot, car avec une victoire, la France repassait dans les équipes de tête. Si c’est un choix perso, c’est une heure de plonge. En pratique, tout a reposé sur les épaules des trois autres joueurs. Finalement, le match sera nul avec une victoire de chaque côté sur les échiquiers du bas, Fressinet ne parvenant pas à passer.

Fressinet :
A joué globalement à l’économie : 0 défaite, 2 victoires, quelques nulles faciles. On lève le pied après la 7e ronde, et bonsoir Clara. Il lui faudrait manger un peu de Royal Canin Kortchnoï pour mordre ses adversaires. L’impression qu’il donne ? Beaucoup de ressources et encore des possibilités. Certes, il n’a pas le physique du pitbull, mais on l’a connu beaucoup plus haut en équipe. Fin du bulletin scolaire et pas de convocation des parents pour cette fois.

Moralité: BacFress ou FressBac sur les deux premiers échiquiers.

Lautier : Monsieur Bon Choix. Bon Choix madame, Bon Choix mademoiselle, Bon Choix messieurs. Paraît que quand les joueurs n’étaient pas d’accord, il leur donnait une chaise en leur disant : « Tkak-chiev- toi qu’on discute ». Ah quelle autorité, quelle partagitude ! Pourtant, Joël n’a jamais partagé de variante quand il était en équipe. À sa décharge, il a toujours été premier hors classe dès qu’il s’agissait de faire vibrer le drapeau. L’avenir dira si M. Bon Choix obtient de Bons Résultats au-delà de cette Bonne Greffe Bien peu convaincante de 3 jeunes ambitieux.

Gaston, y’a le téléfon…
Bon, je dois vous laisser. J’ai Domenech sur la 2, il cherche à se recycler dans une Fédé au cas où cela se passe mal pour lui. Il me dit qu’il sait faire du ménage et bien tacler.
Dorfman est sur la 3 pour bizuter les jeunes au tarot. Il dit qu’il ne prend pas cher et qu’il peut même tout faire par Skype. Scoop : il doit appeler Battesti pour faire changer la règle anti-nulles.
Ah! Un courriel express de Bauer. Il va saisir la Halde. Motif : Discrimination au nom. Pas sélectionné car son nom veut dire ‘pion’ en allemand, et accessoirement paysan.

Conclusion: Heureusement qu’avec mon nom, Joël ne m’a sélectionné comme un Péniblet de service, je leur aurais tous refilé la grippe A ou de l’eczéma. Et pour le coup, cela aurait été un grand Lo(u)pez pour la Fédé. Comme à Dresde !

Les parties sur le site ChessBase

Le ronde par ronde de l’équipe de France avec les noms et Elo des adversaires

La même chose, bon marché : sans les noms ni les Elo sur le site fédéral.

Le site officiel (avec une pub en pop-up)