Cappelle: le zapping

Une ronde pleine et deux heures ont suffi pour se prendre une bonne bouffée de Cappelle. Ce tournoi reste magique. 1990: « Cappelle-la-Grande? Mais c’est où? » – C’est prêt de Dunkerque, tu verras, c’est un petit tournoi vachement sympa et très fort.
Le joueur Jean-Claude Moingt m’avait entraîné là-bas. Nous étions revenus avec quelques courbatures dues aux massages échiquéens de joueurs russes. Et avec quelques bulles au compteur. Samedi, Jicé président, et seul candidat à sa succession, sera sur la scène pour féliciter officiellement les organisateurs au nom des clubs, c’est-à-dire de la Fédération.
Pour un retour au XXIe siècle, les internautes impatients doivent cliquer ligne suivante.

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Peu après avoir quitté l’autoroute, une départementale limitée à 70 km/h a enlevé la vie à quelqu’un: une combinaison orange recouvre un corps, à 40 m de la collision, en plein carrefour. Le véhicule défoncé du carrefour fait ralentir les voitures-badauds, les pompiers et la police affluent. C’était un samedi ensoleillé.

Pour rejoindre Cappelle-la-Grande, il faut longer un canal, éviter Isebergues et éviter Bergues sous peine de détour kilométrique. La ronde a débuté depuis dix minutes. Des drapeaux, du beau monde, de la moquette partout découpée et mesurée par l’ineffable organisateur Michel Gouvart. Plus de craquements de salle des fêtes dans ce tournoi. Moins de fumeurs à l’extérieur également.

Tiens, kicé ce beatnik aux ongles négligés avec une natte contre le GMI britannique Hebden? Il a l’air de tenir la position. Depuis que Mark a changé son style de gambiteur pour se convertir en épicier, il gagne (et perd) moins. Le drapeau… voyons… mais oui! C’est le GMI finlandais Westerinen, un revenant, à 65 ans. Westerinen? Alors, total WRespect. Bon, il perdra. Après vérification dans les bases de données, leur partie a de furieuses similitudes avec leur duel de 1988 : T+F blanc (Hebden) contre T+C. WRespectrinen avait gagné avec les noirs. Vingt et un ans après, Mark a valorisé son fou en forçant la position à mort. Je n’ai rien compris.

Payen a mangé du lion: il s’est fait un Macak. Certes, son adversaire a voulu sauté les lianes de la tactique, mais a été victime des rudes lois de l’attraction terrestre, probablement dérouté par le vrai-faux passeport pour la victoire à la Youssoupov employé par le MI français (d4, Cf3, e3, c4, Fd3 etc.). La partie tourne ensuite au dessin animé. Macak se croit dans Le Livre de la jungle en continuant avec une tour nette de moins… Le lendemain, au repas de midi, Arnaud montrera sa partie à Manuel Apicella en montrant qu’il en connaissait un rayon sur la théorie et que c’était un piège connu avec une nouveauté découverte par le maître argentin Hoffmann.

L’Américain Vinay Bhat, 25 ans, me dévisage bizarrement. Revoir Bhat, c’est chouette! Vous mé reconnaissez? Il fait partie des ex-jeunes surdoués comme le Philippin Paragua croisés dans les tournois comme San Francisco, Hawaï ou Cannes. Bhat? Parents charmants, mais école d’abord. Bhat travaille dorénavant. Il vit toujours aux États-Unis. Vous savez, le plus grand désert du monde… échiquéen s’entend. Donc Bhat est venu «en Europe» pris par Le Malin (échiquéen) qui s’est réveillé en lui.

Rediscuter avec le MI Pascal Chomet, c’est comme écouter Rires et chansons, l’humour à froid en plus.
L’Understatment est omniprésent et la chanson des tournois vécus ensemble, c’est comme essuyer les verres au fond du café. Note: Pascal est le seul du circuit à m’appeler « Docteur ». Il paraît que j’aime expliquer. C’est du © Chomet: il est taquin et il raison 🙁
Projet commun: créer un « Grenelle des joueurs perdant de manière vertigineuse des points Elo ». Emporté par mon sens du bénévolat, je propose immédiatement d’en être le président d’honneur et de débuter les négociations avec ces stakhanovistes. C’est incroyable de jouer plus de tournois pour gagner plus de points!

Jean-Marc Degraeve arrive sur l’échiquier comme une fouine: il cherche la combine et la position pour mettre le feu. Il n’a pas l’allure d’un ambassadeur de France ou d’un représentant au costume fripé. Il favorise le jeu de figures dans des positions tranchantes. Il a horreur de se faire visser. Résultat: un départ en trombe. Son adversaire de la deuxième ronde, Simutowe avait l’air un peu condescendant. Il est très vite redescendu et a enrayé sa machine à tirer les coups. JMD l’exécute par un 16…Fxg2! démolissant le roi. Il fallait voir le JMD mort de rire après ce coup magnifique et Simutowe en rabattre. Ce dernier a préféré jouer une finale pépère avec un pion de moins (19.Fh5) et ne pas s’aventurer dans les suites de folie (19.Cf3, mais que disent les ordis?) avec une pièce de plus et un roi sous les canons très graves.cappelle2009 014.jpg