Allô, c’est Karpov…

J’aurais reconnu sa voix fluette entre mille : « Allô, c’est… » Je l’ai coupé en le saluant en russe car l’organisateur de Belfort, Jean‑Paul Touzé m’avait prévenu de son appel. C’était Karpov qui appelait d’un téléphone fixe de Paris. La dernière fois qu’un champion de ce calibre m’avait sollicité, c’était Najdorf, pour aller faire la bringue dans le Paris by night.

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Karpov va prochainement publier un livre d’échecs en français – pas chez Payot –, et il voulait quelques renseignements. J’attaque en russe, mais j’abandonne très vite et on passe naturellement à l’anglais dès que la conversation devient décousue.

Cliquer ligne suivante (photo Organisechecs)

Le championnat du monde ? Nous sommes en plein dedans et Anand a battu Grichtchouk et vient donc de prendre le large. Karpov suit tout cela d’un peu loin maintenant, mais ne peut s’empêcher de demander les prochains appariements.

  Ah, tiens je le félicite sur un tableau de mat qu’il a placé en juin dans un tournoi.
Depuis quand l’avait-il vu arriver? “Depuis 21…f5”.

 

A. Karpov (2668) – M. Stojanovic (2588)

Gorenje GM Valjevo SRB (8), 20.06.2007

1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Fd7 5.Cf3 Fc6 6.Fd3 Cd7 7.0–0 Cgf6 8.Cg3 Fe7 9.Te1 0–0 10.De2 b6 11.Fa6 Tb8 12.c4 Fb7 13.Fxb7 Txb7 14.Ce5 Dc8 15.Cc6 Te8 16.Fg5 Ff8 17.Fxf6 Cxf6 18.Ch5 Cd7 19.Dg4 Rh8 20.Te3 Cb8 21.Tg3 f5 22.Dh4 Cxc6


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23.Cf6!! h6 24.Dxh6+ gxh6 25.Tg8 mat.

La partie au format pgn: karpov_stoja.pgn

Ses prochains tournois ? Bastia pour sûr et d’autres cités que j’ai oubliées. Le montant des prix du championnat du monde ? Il a baissé « dramatiquement ». En effet, même dans son dernier championnat du monde victorieux (1998) où il eut raison… d’Anand à Lausanne, les deux joueurs se partagèrent un million de dollars.
Karpov, qui a toujours su compter, ajoute que « le dollar était plus fort à l’époque ». Et encore plus fort du temps de ses matches épiques avec Kasparov.
Tiens, il me demande « ce qui s’est passé avec Kouatly à Europe Échecs ». Euh… c’est comme si on demandait à Kramnik d’expliquer les subtilités de la Catalane. Il n’y a que le résultat qui compte. Pour le reste, tout le monde s’en fout.

Il y a eu aussi l’inévitable « toi ça va, moi ça va » et quelques souvenirs d’Elista et d’ailleurs. Notamment la première fois où j’ai interviewé (et vu) Karpov. C’était pour Libération, en 1985. Karpov ne forçait pas sur les pelmenis et avait la dent bien acérée contre Kasparov. Tiens en passant, à l’époque de cet entretien réalisé à Amsterdam en 1985, Bacrot avait deux ans…

Pour toi, Étienne, et pour tous ceux qui ne lisaient pas Libé à l’époque, voici une copie de l’article que j’ai retrouvée dans mes archives.

medium_Libération_29_julio_1985_1-2.jpg (télécharger les images, aperçu, puis grossir pour lire confortablement.  Le texte intégral est lisible dans la note du 11/10/2007.

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