Gaston-Vladimir la gaffe

 

Mat en un! Sûrement la pression de l’argent. Le champion du monde en titre, Vladimir Kramnik, le vrai, celui qui a même battu Kasparov en match, s’est fait mater en un coup comme un débutant par la machine dans la deuxième partie jouée le 27 novembre, à Bonn. Pire: il a joué, s’est levé, est allé siroter sa tasse de thé. De retour à l’échiquier, le manipulateur avait joué le mat, presqu’en s’excusant.

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Cette gaffe va faire une pub énorme. Surtout pour le logiciel vainqueur. Mais quand va-t-on arrêter ces matches de foire ? Dans les années 1980-1990, ils avaient un intérêt au sens où ils donnaient des directions de recherche pour améliorer le niveau des machines. Aujourd’hui, ces mêmes machines sont comme les calculettes avec le calcul intégral ou les équations différentielles: elles ratatinent 95% des grands maîtres en parties rapides comme en parties lentes.

Alors, que prouve ce match? Rien. Que la machine gagne ou perde. Ou plutôt si: que l’émotivité joue un grand rôle, même à haut niveau. C’est si vrai que la sonnette d’alarme avait déjà retenti dans la première partie. Comme l’a magistralement démontré le commentateur officiel, le GMI américain Yasser Seirawan sur le site de ChessBase, Kramnik a loupé plusieurs suites nettes de gain dans la phase finale de la première partie. Humain, forcément humain. La morale de l’histoire: un match entre humains est beaucoup plus intéressant, même avec ses outrances qu’un match entre un Kramnik, en pleine ou petite forme contre un ordinateur. Car le seul vainqueur ne sera pas Kramnik avec ses 500 000 dollars ou son million, mais le sponsor. Au prix d’une dévaluation de la quintessence du jeu d’échecs et de la production par ces super grands maîtres des meilleurs coups. Rappelons-nous les quelques parties atroces de Kasparov contre Deep Blue en 1997. Match perdu. Et des gaffes, déjà.