Kramnik, son Saint-siège et la chiasse à l’homme

WC : c’est à cause de ce sigle connu même dans les pays aux alphabets non latins que Kramnik vient de perdre la 5e partie de son match pour le championnat du monde contre Topalov… Bravo pour la médiatisation de ce « sport » que sont les échecs. Comment Kramnik a t-il quitté son Saint-siège de 2 victoires à 0 pour le réduire à 2 à 1 ? A cause d’une véritable chiasse à l’homme !

Premier temps : La délégation Topalov pond un communiqué qui calcule le nombre de fois où Kramnik quitte la table et va aux toilettes. Sous-entendu : c’est pas clair, car les toilettes sont le seul endroit où il n’y a pas de caméra.

Deuxième temps : le camp Kramnik réplique et s’en tient aux règles du championnat du monde, aux conditions demandées (et acceptées). C’est clair et niet : Kramnik ira où il veut quand il veut. Il a besoin de beaucoup boire pendant les parties. On ne lui fait pas baisser sa culotte comme ça à ce géant, surtout avec des communiqués en dessous de la ceinture. Bref, on ne cède pas au coup classique du scandale alors qu’on est mené au score !

Troisième temps : La 5e partie débute ce vendredi 29 septembre. Kramnik n’apparaît pas dans la salle de jeu. Il ne joue pas de coup. Et il perd donc la partie par forfait. Finalement, le coup du « parapluie bulgare défensif » a marché : un point gratis… mais un championnat du monde qui risque de capoter.

Moralité : un championnat spectaculaire pour les fans – même emprunt de gaffes – va donner plein de boulots à tous les pisse-copies (comme moi). Et on va parler de tout sauf d’échecs. Quant à l’impact de cet incident pour la popularisation du jeu d’échecs dans le monde, on pourra saluer la maturité des deux protagonistes et de leur délégation en la matière : proche de zéro et des bas-fonds.

Voilà pour la forme. Sur le fond, Topalov a fait de la provocation, un peu comme Fischer contre Spassky en 1972… et comme tant d’autres. Mais quand on connaît les problèmes de santé que Kramnik a rendus publics et son fair play, insinuer quoi que ce soit quant à sa probité, c’est un sacré coup de poker quand il y a 500 000 dollars assurés. Un comité d’appel « fiotesque » est censé résoudre le problème. Mais le « khan Kirsan » finira sûrement par dénouer ce litige. Comme il l’avait fait en 1996 devant les gesticulations de papa Kamsky. Après tout, c’est lui qui paie, non ?