Morozevitch: c’est bien à Bienne!

C’est en écoutant une émission passionnante sur la mémoire que j’ai réalisé pourquoi Morozevitch cartonnait grâce à son anxiété. D’abord sa tête. Vous avez vu ? Jamais un sourire. Bon, on peut dire que c’est la routine chez les joueurs d’échecs pendant leurs parties : le classique tournoi de Bienne, en Suisse, le prouve une fois de plus. Même le jeune prodige norvégien Carlsen qui met ses pieds sur sa chaise, sa bouteille d’eau gazeuse dans le champ du photographe a la mine renfrognée. Souriez, camarades ! Mais pourquoi Morozevitch serait anxieux ? Bien, je vous renvoie à l’émission de France Inter du 1er août. Georges Chapouthier, directeur de recherche au CNRS, parle en hyper blitz mais avec une belle élocution, et quoi ? Il nous dit que « chez les animaux supérieurs, et en particulier chez l’homme est construit pour avoir un apprentissage lié à l’émotion. Et que la grande erreur de Bergson, Descartes et d’autres, c’est d’avoir voulu voir la mémoire comme quelque chose d’aseptisé alors qu’elle est fortement liée à un contenu émotionnel ». Voilà pour vos devoirs de vacances et quelques débuts d’explication pour tous ceux qui utilisent leur mémoire de répétition pour leurs variantes. Évitez les produits dont quelques champions connus (Anand, Skripchenko) font la pub, mais ce conseil n’engage que moi bien qu’un commercial ait récemment tenté de me convaincre pendant plus de quarante minutes avant d’un raccrochage excédé de ma part. Pffff. Et régalez-vous des parties du Morozevitch à Bienne ; pour tous, je recommande la façon dont il joue l’Espagnole avec les noirs. C’est un mélange de classicisme et de dynamisme: Morozevitch est un jeune vieux qui a encore de la mémoire! Je savais bien que je disais n’importe quoi depuis le début : j’ai sûrement dû être gagné par mes émotions !