France-Bulgarie: le potage au yaourt de la dernière ronde

Cela faisait deux heures que le match avait débuté. La connexion était bonne. J’en étais piteusement au petit déjeuner, vers midi. Le tramway parisien passe le long des fenêtres, c’est marqué «tramway école». Y’a quatre gusses dedans. Des pros de la RATP. Un dimanche. Bon, c’est sûr, je ne suis pas à Turin et pas plus accro que cela à la 13e et dernière ronde de ces olympiades. Enfin, je crois. Mais quand même, un coup d’œil. Vu l’appariement, les Arméniens vont faire nulle rapide contre la Hongrie. Ce qui fut fait en respectivement 15, 15, 10 et 12 coups pour assurer une première place amplement méritée. Et les coqs français ? Pas eu besoin de chanter pour réveiller tout le monde. La dernière ronde se joue à 10 h pour tous. C’est vrai k’sé chiant de jouer l’matin. Moi, je mettais deux heures à me réveiller pour constater, dans la majorité des cas, que j’avais une poubelle sur l’échiquier. Et de maudire ci ou ça.
Avec la Bulgarie comme adversaire, les Frenchies visent le podium. C’est jouable mais dur. Les Bulgares, c’est du costaud. Ils arrivent à la mauvaise ronde au mauvais moment. Au deuxième jus d’orange nature, Bacrot semble mal contre Kiril Georgiev, un ancien cador en junior. Placide et hyper solide. J’avais l’impression d’assister à la pièce « Ma femme s’appelle Maurice » et de voir un autre Étienne. Complètement dans les cordes apparemment. Mais c’est là qu’il est l’plus fort l’animal. Comme dans une bonne pièce de boulevard, la suite me donne tort. Un sacrifice de pion récupéré quelques coups plus tard, des acrobaties avec les pièces mineures miraculeusement coordonnées après un échange de dame merveilleusement anticipé. Le tout digne d’un spectacle à la Houdini. Quelle magie ! Mais c’est nulle. Troisième jus d’orange pour fêter ça. Pour Lautier, l’affaire est entendue : il a les blancs, vissage pendant des heures et un point à venir. Au suivant. Ah ! il est 13h20, j’ai loupé le journal télévisé. Bon pas grave, comme dit ma fille, de toute façon, « c’est toujours mort, blessés, mort blessés » dont zapping au 4. Oops, Vachier-Lagrave est complètement passé à côté (excusez, je prends ma tartine) ouverture pérave, une dame qui va se balader, un grand roque pour rire et une fessée méritée en 31 coups, assurée dès le 15e. Restait Fressinet au 3. Ah ! encore lui. Le buteur, le tout ça. Tiens, mais dis donc, j’y pense, il a des faux airs de Thierry Henry. En plus comme le footeux : espiègle, toujours en alerte, boum, boum et mat. Avec 10 cm de plus, une condition impeccable et un top model dans les pattes, ça l’ferait mec. Mais à quoi je pense donc pendant les parties ? N’importe quoi ! Slurpp, un peu de thé Mariage Frères, ça ira mieux. Pfff… l’est pas beau l’Laurent. Ça s’est mal passé dans l’ouverture aussi. Me vient en tête la chanson de mon enfance, du grand Henri Salvador: «Et devant mes yeux, mes yeux hagards, se déroulait la même scène. Et, et ?»

Eh bien Zorro n’est pas arrivé : un pion en moins très vite, un roi déroqué tout seul avec une paire de fous passive contre des cavaliers monstrueux. Un peu de confiture mais rien n’y fait. Il est 14h10 et le match est plié. La fin ? C’est comme au foot, version pions en moins et mauvais côté pour l’équipe de France : et un, et deux pions de moins et trois (une pièce tombe au champ de malheur). Laurent continue quelques coups. C’est finish, il espère le miracle. Le 1-0 finit par s’afficher. Les Bulgares s’imposent 2,5-1,5. Lautier a marqué son point au 2 en tricotant techniquement l’poireau.
Ce match m’a rappelé le but de Hristo Stoichkov contre les Français. Voyons… en quelle année ? Faudra q’j’demande au président Jicé, fan de foot. Les Bulgares, on sait qu’ils sont dangereux, on baisse la garde une fois et boum ! Sauf que là, les Français se sont fait mal tout seuls. Y’a pas eu de combat au 3 et au 4. Donc ça m’a pas rappelé le match, vous m’suivez? Non? Moi non plus. Bilan: dommage. La victoire contre les Russes et d’autres avait galvanisé une équipe qui avait débuté sans âme. En bon kibbitz, j’ai les grosses bou-boules et me sens un peu triste pour eux.
Les résultats ? La France termine 7e, les Russes aussi, mais eux sont à la rue vu leurs z’Elo stratosphériques. À voir sur vos sites préférés donc je skippe. Les parties aussi. Si vous avez dix minutes à perdre, lisez ma dernière causerie au coin du feu sur un site pétaradant. Précision : on m’a demandé mon avis sur Kirsan-Kok avant la réélection d’Ilioumjinov. Ce sujet comico-tragique sera abordé demain. A+