Arménie : le pack et le cognac

Vous avez déjà goûté au cognac arménien ? C’est super bon et une spécialité très reconnue dans toute l’ex-URSS. Mon premier essai : Ubeda, en février 1996. L’Arménien Lpoutian perd une partie d’anthologie contre David Bronstein dans cet open espagnol, tout proche de Linares. Il gagnera quand même le tournoi. Nous fêterons CES victoires dans un repas mémorable arrosé de cognac où Lpoutian montre sa grande classe. Il y a avec nous Akopian, Anasstasian et Minassian. Bronstein est considéré comme un héros, super respecté. Lpoutian et Bronstein se rappellent le bon vieux temps quand David a connu Lpoutian jeune. Ils évoquent d’autres tournois du temps de l’URSS. Ce que j’ai compris ce jour-là, c’est que les Arméniens jouaient en équipe. Comme un pack au rugby. Ils sont extrêmement solidaires entre eux. Super solides en défense, tenue sur l’échiquier impeccable. Et pas de nulle de salon quand ils s’affrontent entre eux. Impressionnant.
À Turin, l’Arménie reste en tête avec trois matches à jouer. Ils n’ont concédé qu’un nul et jouent de la même manière, en pack. La différence avec les autres olympiades, c’est qu’ils ont Aronian. C’lui-là, il fait peur à tout l’monde, fait mine (ou pas) de ne pas se prendre au sérieux, a pondu une partie d’anthologie. Le gars qui l’affronte DOIT ne pas avoir une mauvaise position au risque de fragiliser toute son équipe PENDANT le match. Autrement dit, Arménie = trouillomètre à zéro. « On ne change pas une équipe qui gagne. » Le dicton a été appliqué sans le moindre état d’âme par le capitaine arménien. Depuis la 5e ronde, l’Arménie conserve l’ordre des échiquiers n’a pas varié : 1. Aronian, 2. Akopian, 3. Asrian, 4. Sargissian, ce dernier jouant les “voitures-balais” en ramassant les points. Voir les résultats détaillés de l’équipe ici, c’est édifiant !
De leur côté, les Arméniens basés en Italie se préparent. Les bouteilles de cognac sont prêtes ! Tiens, ça me rappelle le bis repetita du cognac, à l’olympiade de Erevan, la première d’Etienne Bacrot, en 1996 : il avait osé battre Roublevsky, tiens, tiens, l’équipe de France ne lui réussit pas à c’lui-là !
Et la France ? Elle doit sûrement aussi mettre « l’équipe qui gagne » pour ces trois cruciales dernières rondes. Le couple Bacrot-Lautier est quasiment aussi punchie que Aronian-Akopian, alors pourquoi ne pas y croire ? Bon, ben aujourd’hui, c’est du lourd : France-Chine. Rappel : les Arméniens les ont battu avec un gain à l’arrache d’Akopian et trois nulles. Les Arméniens auront moins de mal avec la République tchèque et pourront à loisir observer table 3 le match mythique USA-URSS. Vous avez tous les affrontements échiquier par échiquier ici, c’est super ! Vivement le direct ou ce soir pour les résult’ !

Les références pour la route:
E. Bacrot (France, 2470) – S. Roublevsky (Russie, 2645)
3e ronde des olympiades, Erevan
1.c4 e5 2.Cc3 Fb4 3.Cd5 Fe7 4.d4 d6 5.g3 c6 6.Cxe7 Dxe7 7.Fg2 f5 8.c5 e4 9.b4 dxc5 10.bxc5 Df7 11.Ff4 Ce7 12.Fd6 0–0 13.Ch3 Te8 14.0–0 Cd5 15.Dc2 Cd7 16.Cf4 C7f6 17.Cxd5 Cxd5 18.Tab1 b5 19.cxb6 axb6 20.Dxc6 Fa6 21.Dc2 Tec8 22.Dd2 Cc3 23.Txb6 Cxe2+ 24.Rh1 Fd3 25.Fe5 Cc3 26.Tc1 Cd5 27.Txc8+ Txc8 28.Tb2 h6 29.h3 Rh7 30.a4 Tc4 31.a5 Ta4 32.Ta2 Dd7 33.Rh2 Txa2 34.Dxa2 Cb4 35.Db3 Cd5 36.Da3 Ce7 37.Dc5 Db7 38.Fd6 Cd5 39.Fe5 Ce7 40.Dd6 Cg6 41.Db6 Dc8 42.Dc7 Dxc7 43.Fxc7 Ce7 44.Rg1 Cd5 45.Fb6 Rg6 46.Ff1 f4 47.Fc5 Rf5 48.a6 Cc7 49.a7 f3 50.Ff8 Rf6 51.d5 1–0

D. Bronstein 2455 – S. Lpoutian 2580
Open d’Ubeda, février 1996
1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cf3 Fg7 4.g3 d5 5.cxd5 Cxd5 6.Fg2 0–0 7.0–0 Cc6 8.e4 Cb6 9.d5 Ca5 10.Cc3 c6 11.h3 Fxc3 12.bxc3 cxd5 13.exd5 Cxd5 14.Fh6 Te8 15.Ce5 Fe6 16.c4 Cb6 17.De1 Cbxc4 18.Dc3 f6 19.Tfe1 Tc8 20.Tad1 Db6 21.Cd7 Db2 22.Dd3 Ff7 23.Te2 Da3 24.Dd4 Dd6 25.Da1 Da6 26.Txe7 Txe7 27.Cxf6+ Rh8 28.Cd7+ Ce5 29.Cxe5 Rg8 30.Cc6 1–0