Le championnat de France des clubs

Ce week-end du 11 octobre 2014 débute le championnat de France des clubs par équipes de 8. Cette compétition silencieuse, chronophage et parfois briseuse de ménages fait gagner ou perdre des points Elo et permet à des centaines d’amateurs d’assouvir leur passion sans jouer de tournoi dans l’année. Et de rire et ripailler aussi. On peut voyager à travers la France un peu, beaucoup ou passionnément grâce aux subventions allouées par les mairies et les conseils généraux dans le meilleur des cas.

Petit inventaire à travers les 4 niveaux, du Top 12 à la Nationale III, cliquer ligne suivante.

Top 12 : tous ensemble, tous ensemble pendant 11 jours
Compétition se déroulant en fin de saison en un seul lieu. Les trois derniers descendent en Nationale 1. En pratique, elle pénalise les forts amateurs se distinguant ici et là dans les équipes contrairement à la Bundesliga qui a un système réparti sur des fins de semaine comme auparavant en Gaule. Le bon côté, c’est de rassembler une kyrielle de professionnels du monde entier pour faire parler du schmilblick.


Enfin, croit-on. Car malheureusement, le retentissement média n’est que local. Personne ne se souvient d’une année sur l’autre du champion de France. Qui peut citer l’effectif d’une équipe championne actuelle ou passée ? Les trois équipes qui montent souffrent atrocement. Certaines sont habituées à faire « le yoyo » entre le top 12 et la Nationale 1. D’autres abandonnent faute de ressources suffisantes. On s’amuse comme on peut.

Nationale 1 : 288 joueurs veulent ‘monter’
36 équipes de 8 joueurs dont Monaco (35 cette année, Rennes ayant fait forfait à quelques jours de la 1re ronde) sont réparties en 3 groupes de 12. Le premier de chaque groupe monte en Top 12. La force de la joueuse (de nationalité française) est primordiale pour la montée.

En Nationale 2 et 3, la répartition des groupes se fait le plus possible géographiquement. Les directeurs de groupe font des calculs savants d’équilibrage kilométrique.

Nationale 2 : plus de 576 joueurs
Humour fédéral : la France métropolitaine et hexagonale est divisée en 6 régions, chacune comportant 12 équipes de 8 dont obligatoirement une femme de nationalité française. Seule la première équipe monte en division supérieure.

Certains clubs se ruinent pour la montée avec leurs petits et grands maîtres en embuscade ou en mode pensionnaire. Tout dépend de l’ego du dirigeant. Mais un contrôle Urssaf ou une baisse drastique des subventions plus tard et pschitt ! Retour modeste et génial en division inférieure.
Sans être vache, deux groupes sont mortels : celui du Nord pavé d’amateurs sympas plein d’expérience. Et le groupe Est avec des équipes ‘solidaires’ depuis des années qui jouent à fond les premières rondes avec des titrés allemands. Une ou deux équipes pratiquent l’anti-jeu: une fois assurée de ne pas descendre, elle envoie ses jeunes se faire massacrer. Une triche d’équipe même pas drôle.

Nationale 3 : plus de 1440 joueurs
18 groupes de 10 équipes de 8 joueurs couvrent la France métropolitaine. Abracadabra, en calcul mental ou en ligne, cela fait au moins 1440 joueurs et probablement 2/8 de plus avec les joueurs qui « tournent ». Monaco a une équipe. Un grand bravo à la ligue de Corse : elle reste sur son île avec zéro classé fédéral hormis des classés blitz !

Cherchez la femme
Après de longues et culpabilisantes discussions et à la demande des « petits clubs qui ont la parole » – et qui l’ont prise –, aucune Française n’est plus imposée dans cette division (« échiquier féminin » en jargon échecs).

duela.JPGCette mesure initialement soit disant incitative et brillamment obligatoire avait entraîné un effet pervers : des joueuses beaucoup plus faibles que leurs camarades masculins se faisaient payer entre 30 et 80 € la partie.
Imparable en cas d’ambition du club, risible sur la forme, grotesque sur le fond. La FFE a fait semblant de regarder ailleurs pendant de longues années avec un bilan de toute façon pitoyable sur les jeunes filles talentueuses qui ont persisté.

In fine, la promesse du candidat Salazar a été tenue. Le débat a été ouvert et 64 ans après Le Deuxième Sexe, sur 64 cases, les femmes sont des joueurs comme les autres avec comme seul « maître étalon » le classement Elo.

Quelques changements notoires
Emboîtant le pas aux instances mondiales, pas de téléphone portable dans la poche. Tout juste autorisé dans un sac et de préférence débranché, sans la batterie.

La différence entre deux échiquiers contigus est abaissée à 100 points (contre 103 auparavant).


La FFE incite très fortement les capitaines d’équipe à mettre en ligne le soir même les résultats. Nous sommes au XXIe siècle et l’équipe qui reçoit doit en effet ‘poster’ les résultats échiquier par échiquier via le code FFE du joueur et une application efficace mais prise de tête. Éternel problème : l’équipe qui reçoit ET qui a perdu, postera-t-elle le résultat le soir même ou quelques jours plus tard par dépit ?
L’enfer en différé, c’est les autres.

Tous les résultats de cette saison et des autres sur la page fédérale