Dieppe : Istratescu, les Rolling Stone et le diable

Internaute 3G pressé par le temps, le contretemps en pas chassé du résultat final de l’open de Dieppe (25-31/8) est aussi fulgurant qu’un but improbable de l’équipe de France de football contre l’Allemagne. Le co-champion de France 2012 Istratescu, lui, a marqué 8 buts sur 9. Il a concédé un ballon nul avec les noirs contre l’ancien pro de foot norvégien, le GMI Simen Agdestein et remporte seul cette 9e édition.

 

dieppe,istratescu,agdestein,marshall,capablanca,eden,bouton,gournay-en-brayLe plus impressionnant chez Istra n’est pas son score final mais sa perte de poids spectaculaire qui a pris à revers les photographes (dans leur cuisine) des sites spécialisés : moins 30 kg en 3 mois, c’est un truc à faire déposer le bilan à Jean-Michel Cohen Limitée comme on dit au Québec.

La recette ? Footing matutinal obligatoire avec enchaînement pongiste sous la houlette d’une ex-championne d’Europe de la petite ba-balle où les Chinois excellent.

A noter aussi son extraordinaire volonté sur l’échiquier, son style « d’écrase-patates » (patate = joueur faible) y compris dans les parties clés contre de forts joueurs, ses cigarettes enchaînées comme une combinaison de mat et un système nerveux central pas encore stabilisé. En langage vulgaire, Istra est une boule de nerfs.

Istratescu, le blog intersidéral et Tregoubov
On ne se connaissait pas avec Istratescu, mais on s’est tutoyé d’emblée comme deux Espagnols. Sa première remarque a été : « Qu’est-ce que je me marre avec ton blog quand tu appelles par exemple Tregoubov ‘très beau gosse’ ». Le plus drôle ? Ce GMI ex-entraîneur fédéral vient d’être licencié (licence fédérale à Clichy œuf corse) par la nouvelle équipe FFE.

Zéro médaille ramenée, pratiquement zéro présence au siège alors qu’il était salarié. Entraîneur privé d’un jeune Corse doué. Il avait sûrement des qualités puisque l’équipe précédente avait crû bon de lui établir un CDI à 2450. Pas en points Elo, mais en euros (brut). Sans objectif particulier il est vrai. Il paraît que Didier Deschamps a chouiné auprès de la FFE pour concurrence contractuelle déloyale.

Le péril jeune, un vieux péril
Finalement, ce tournoi de fin de saison, c’était la plage. Dans la dernière ronde, la jeune délégation du club voisin de Gournay-en-Bray s’est affublée de couleurs fluo plein les cheveux. Ils et elles étaient gais comme des pinsons. Les spectateurs aussi. Le style after + hype est si rare dans les échecs…

Le tournoi ? C’était beau, c’était grand. Beaucoup de « jeunes sous-classés » ont râlé certains. Eh oui, c’est le propre du péril jeune : progresser donc être sous-classé. Il y avait à l’inverse le péril vieux. Sous-classés sur certaines parties, avec du métier paraît-il. J’en ai vu quelques-uns à la dérive qui sont toutefois remontés.

A Dieppe comme ailleurs, on avait toutes les raisons d’être mauvais perdant ou d’attribuer sa prestation à une visite trop matinale (11 h tout de même) en mer pour voir des dauphins par exemple.

Le sport et la fête à neu-neu
Pour tous les sportifs (car oui le jeu d’échecs est administrativement reconnu sport, interdit de rire) qui ont séché (façon de parler) la piscine d’eau de mer, le casino le soir ou la visite du superbe château et de ses expositions d’ivoire, Dieppe restera un endroit où l’on respire bien dehors.

Contrairement aux Rolling Stones qui affirment que les galets sont les seules pierres qui ne sont pas un motif de satisfaction, la marina Dieppa (en corse dans le texte) est à recommander.

Respirer et souffler n’est pas jouer
Côté salle des ‘patates’, les ventilateurs d’opérette du Palais des congrès n’ont rien pu faire contre le CO2 éjecté par la gente des 64 cases au bout de quelques heures de jeu.
Pour s’amuser, il restait en début de tournoi un passage à la fête foraine sise le front de mer. Une montagne russe avec de l’eau et si tu veux gagner des peluches ou être fortiche en tir sur des ballons rebondissants, ça fait du bien à l’ego et mal au porte-monnaie.

Dieppe, les Rolling Stones et le diable
Venir à Dieppe de Paris avec deux ados déchaînées chantant à tue-tête en mode My Sweet Lady Jane et qui t’imposent du Rolling Stones à 130 km/h c’est sympa, mais l’amende se paie en points Elo. Dans toutes les parties du tournoi, le diable s’est invité dans mon cerveau en chansons et en chantant avec Sympathy For The Devil.

” Please allow me to introduce myself,
I’m a man of wealth and taste

I’ve been around for a long long year
Stole many a mans soul and faith

… Pleased to meet you
Hope you guess my name, oh yeeeah”

La même en audio (7 min)

Le ‘Oh yeaaah’ et le groove étaient ingérables et aussi permanents et lancinants que tes problèmes d’arthrose, petit scarabée.

Quand le diable est au paradis
L’apogée ? Le diable (ou sa chanson) ont pris la peau du talentueux junior James Eden dans notre partie. Avec les noirs, Jessie James a fait son shérif en manipulant le gun du champion américain Frank Marshall.

Il m’a ressorti une arme vieillotte, piégeuse, réfutée mais affûtée de la partie Capablanca-Marshall… de 1914 !
Marshall avait attendu des années avant de la placer au génial Cubain. Plus de sympathie possible pour le diable lequel avait pris la peau du jeune Eden. Happé par le paradis d’Eden, je fus balayé en enfer. Mais quand la musique est bonne, il faut faire bonne figure. Une bulle avé le sourire et félicitations au jeune homme.

Dieppe : bis repetita ?
Please allow me to revenir l’an prochain. Je m’y prendrai tôt pour la registration (et non avec le faux ami « ze inscrip’chion » comme il était annoncé en anglais au micro lors du tournoi de blitz). Sans Sweet Lady Jane et avec un grand coup de Metallica pour contrer cette sympathie pour le diable.

Zi end.

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Mur peint en plein Dieppe dans une petite rue derrière le front de mer
Brighton 132 km, Paris 161 km

 

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