FFE élections : les petits clubs feront la loi

A neuf jours du scrutin entre la liste Battesti et la liste Salazar, le taux de participation sera décisif dans le vote des 835 clubs d’échecs de France. Plus il sera massif, plus les petits clubs auront la parole. Vers quelle liste leur cœur penchera-t-il ? C’est la clé du vote.
Le 24 mars à minuit est la limite pour voter chez l’huissier. Après cette date, aucun club ne pourra voter par ce mode et devra donner procuration à un brave président se rendant au siège de la Fédération à Élancourt (Yvelines) le 30 mars pour le pointage et le 31 mars pour le vote.

Échecs 64 a réalisé un sondage en pantalon, de France, et par téléphone, au hasard sur deux dizaines de clubs, un nombre absolument pas représentatif statistiquement. Étonnamment, beaucoup de clubs vont voter et leur décision est déjà arrêtée. Diable !

Échecs 64 sera sur place le 30 et 31 mars. Des informations seront données régulièrement et en temps réel à partir du compte twitter d’Échecs 64.

Le taux de participation ; répartition et poids des votes par club : tableaux à télécharger et analyse, cliquer ligne suivante.

 Le taux de participation : la clé
S’il est important, on peut supposer que la liste Battesti sera minoritaire sur la tranche des « petits clubs » soit moins de 4 voix. Si elle est fortement mobilisée, cette tranche de l’électorat fera le vote.


La liste Salazar a en effet dès le début ciblé sa stratégie sur les « petits clubs » sans verser dans le populisme.
La liste Battesti a embrayé sur le thème tardivement. On a déjà vu des votes avec une participation des clubs autour de 50% soit plus de 400 clubs. Mais si la participation grimpe au-dessus de 60-65% voire beaucoup plus, alors le poids des clubs à moins de 4 voix qui constituent 87% des clubs et 68% des voix sera décisif.

Les chiffres : implacables
Le tableau ci-dessous résume la répartition des 835 clubs amenés à voter. Ce chiffre est arrêté au 31 août 2012. Le chiffre final publié par la FFE le 30 mars sera peut-être différent, mais les clubs disparus depuis ont droit de vote via leur président!

répartition_voix_clubsFFE_3108_2012.JPG

Les petits clubs : leur mobilisation fera la loi
Elle sera sans appel et fort probable. Les candidats sont différenciés : Battesti est aussi clivant que Salazar se veut rassembleur. Une forte mobilisation donnera une certaine sérénité au comité directeur.

87 % des clubs (729 sur 835) ont 4 voix ou moins = 68,6 % des voix

79 % des clubs (661 sur 835) ont 3 voix ou moins = 56,4% des voix.

64 % des clubs (538 sur 835) ont 2 voix ou moins = 38,7% des voix.

29,7 % des clubs (248 sur 835) ont 1 voix = 11,6% des voix.

Téléchargez le fichier Excel ci-dessous où l’on voit la répartition de tous les clubs par nombre de voix et leur poids en licence A et B (clubs 8 voix et plus).

Les 19 clubs de 8 voix ou plus
(Marseille, Lille, Bastia, Lyon, Châlons-en-Champagne, Bois-Colombes, Nice etc.) représentent 8,6% des voix.

poids_clubs_electionsFFE_mars2013.xlsx

Élite de 32 clubs bien en vue
Les clubs de 7 voix ou plus sont au nombre de 32 (sur 835), soit 3,8% du nombre de clubs pour une représentation de 12,8% des voix.
Ils pèsent un peu plus lourd que l’ensemble des 248 clubs à 1 voix qui représentent 29,7% des clubs mais seulement 11,6% du corps électoral…

Les 32 clubs en question forment « l’élite » des clubs : ils se nourrissent principalement de subventions publiques (comme la plupart des clubs) et rassemblent l’essentiel des Nationale II, I et top 12 ainsi que des meilleures équipes de jeunes. Ils sont régulièrement mis en avant dans la revue fédérale, ce qui n’est pas le cas des 248 autres clubs à 1 voix et de tous ceux qui n’ont pas de voix et peu d’adhérents.

Vote : le choix dans la date
Voter un week-end de Pâques et la veille du 1er avril, seule une fédération férue de stratégie participative pouvait l’inventer. Alors que les tournois se multiplient dans l’Hexagone en cette période pascale, que les bénévoles sur le terrain mitonnent leur tournoi, cette date est idéale pour les décourager et venir assister au vote. Ainsi soit-il.

Voter à la ferme
Le lieu est aussi emblématique : le siège de la Fédération à la Commanderie des Templiers ; c’est si facile à trouver que la FFE, dans ses documents de convocation, donne les coordonnées GPS. Oublions les transports en commun. Mais au moins le lieu est gratuit et lors des débats de l’AG, les transports émotifs seront, cette fois, communs.

Vote par correspondance : six jours sinon rien
Les clubs ayant choisi de voter chez l’huissier de Montfort l’Amaury (Yvelines) doivent le faire entre le 18 et le 23 mars à minuit, le cachet de la poste faisant foi selon le site fédéral et avant le 23 mars à minuit selon les documents reçus par les clubs. Qui gagne?

Un stagiaire se déchaîne dans le vote par correspondance
Le règlement concernant ce vote (article IX) mériterait d’ailleurs un exercice en stage d’arbitrage. Après avoir précisé la date, la FFE écrit, ligne suivante : « Dès lors, aucun vote reçu postérieurement au délai imparti ne sera comptabilisé dans les suffrages. »

Arbitre ! Quand un club lit les documents de vote, il est question du cachet de la poste faisant foi et non du délai de réception chez l’huissier.

Le stagiaire fédéral qui a rédigé ce torchon sera condamné au choix à rester enchaîné aux canards vivant en liberté autour du siège fédéral pendant 3 jours ou à sous-titrer en français les vidéos en corse d’Échec et Mat avec le nouveau prestataire dont la FFE n’a toujours pas donné le nom.
En cas de refus au nom de l’éthique de la préservation des canards ou de la langue française, son dossier sera transmis au Monsieur Amendes fédéral.

Notoriété : Léo Salazar ou Diego Battesti ?
Si Léo Battesti était connu de pratiquement tous les clubs, ce n’était pas le cas de Diego Salazar avant l’élection. Et Léo lui a fait une grosse pub en répondant ou en laissant quelques colistiers excités attaquer à sa place pour mieux se positionner comme le grand sauveur démocratique ensuite.

D’un autre côté, les deux listes ont dû travailler d’arrache-pied pour contacter un maximum de clubs et leur promettre des lendemains qui chantent.
Dans beaucoup de clubs, on entend le même refrain : tous sont d’accord pour développer la masse  – y compris via les écoles –, mais on note, parmi certains votes Salazar un vote de rejet de la liste Battesti plutôt qu’une réelle adhésion. De nombreux votes Battesti choisissent la continuité fédérale en équipe plutôt que de s’attacher à l’homme.

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Battesti et Salazar : je t’aime moi aussi
(photo: Échecs 64, musée de Dieppe)

Câlinothérapie avant
Rassurer l’électeur et se montrer proche de lui, c’est le b-a-ba d’une élection avec le porte-à-porte. L’Internet d’accord, mais le téléphone et le courrier ont joué un rôle primordial, bien au-delà des réunions publiques relativement peu suivies où il s’agissait toutefois de rassurer le réseau local.

Les deux listes avaient leur site Internet. Mais une voix est une voix et il faut aller les chercher par téléphone ou par courrier. Même encore maintenant, camarades! La liste qui en a contacté le maximum partira sans conteste avec un avantage.
Oui, la câlinothérapie téléphonique ou par courrier marche aussi pour remporter les élections sans compter les promesses oubliées le lendemain du vote.

Câlinothérapie après ?

Une fois l’une ou l’autre liste élue, Salazar et Battesti devront travailler ensemble au CD. Verra-t-on de grandes embrassades et des réconciliations publiques après toute une campagne qui s’est distinguée par des tirs de fléchettes dignes d’une salle de classe ? Les deux hommes y sont condamnés à moins que l’un ou l’autre ne jette l’éponge et quitte le CD. Sur 64 cases, on appellerait ça être mauvais perdant. Les paris sont engagés. Ils resteront. Et ça sera une cohabitation à la dure.