Le petit business des échecs féminins

Oui la fédération française s’entête à imposer un « échiquier féminin » en compétition jusqu’en Nationale III. Oui, c’est un problème pour beaucoup de clubs. Et oui, des joueuses à 1800 Elo se font payer pour jouer dans des équipes amateurs où tout le monde joue gratis.

Oui, de nombreux clubs ont de la peine à trouver une « féminine » d’une force certaine voire d’une certaine force, quel que soit son âge. Et dans le Top 12 une très forte féminine est un énooorme avantage : un point d’avance sur huit échiquiers.

Les ados tournent le dos ?
Dans les petites catégories, il y a autant de jeunes filles que de jeunes garçons dans les écoles comme dans les championnats de France des jeunes. Après l’adolescence, ça se gâte. Le déchet de part et d’autre est énorme, mais plus accentué chez les jeunes filles.

Les féminines se paient… de notre tête ?
Conséquence ? Un effet pervers. Des joueuses à 1800 Elo maximum demandent à se faire payer pour jouer en Nationale II. Authentique et fréquent au moins en région parisienne. Certains clubs déroulent le tapis : inscription gratuite, cours gratuits avec un maître, inscriptions gratuites à des tournois. Le nombre de joueuses assez fortes étant assez limité, il y a un vrai petit marché.

Licencier dans la rue !
Souvent les clubs ne trouvent pas de solution : pas de féminine de rechange en cas d’absence imprévue ! Ils licencient alors des inconnues… qui ignorent tout des règles ! Ainsi, un ancien dirigeant fédéral avait pour habitude de contourner cette règle absurde d’une manière cocasse.

En déplacement, et en cas de problème, il licenciait une jeune femme abordée dans la rue. Elle jouait la première (et la dernière) partie de sa vie, était dédommagée en espèces sonnantes et trébuchantes. Elle jouait son premier coup, et abandonnait. L’équipe ne perdait qu’un point sur cet échiquier – comme si elle avait perdu une vraie partie – sans être sanctionnée financièrement ou négativement au score.
Et en 2012 ? Cette solution extrême pour contourner le règlement perdure… même si elle reste marginale.

Les femmes sont des joueurs comme les autres
Alertée par un joueur sur cette discrimination de fait, l’association féministe Chiennes de Garde a répondu qu’elle « avaient autre chose à faire ». Sûrement. Fischer disait que sur l’échiquier, “il n’y a pas de psychologie, seulement des bons coups”. Il n’y ni sexe ni sexisme non plus. Seulement un manque de courage et un groupe de pression lilliputien à la fédération devant un règlement que personne n’ose affronter. Finalement, j’ai beaucoup de chance et aucun problème de conscience. Je joue depuis plus de 35 ans à l’échiquier masculin. Habillé.

Ci-dessus, une partie de la championne américaine Jennifer Shahade jouant contre un homme nu afin de singer la partie que le peintre français et champion d’échecs Marcel Duchamp (1887-1968) avait joué contre Eve Babitz, essayiste californienne née en 1943, cette dernière étant nue.

A voir absolument sur le site décoiffant de Jennifer qui a publié un livre remarquable sur Duchamp.