Futurs professionnels d’hier pour futurs pros de demain

En relisant mon journal d’échecs tenu pour toutes les compétitions dès l’âge de 15 ans, (critérium, open, tournoi intérieur, championnat par équipes, championnat d’Île-de-France jeunes) je suis retombé sur le compte rendu d’un match d’équipes sur 8 échiquiers entre Fou du Roi (mon club parisien de l’époque) et Lille. Andruet, Grimberg, Birmingham et Buchy faisaient partie de mon équipe où j’ai remplacé un absent sur le pouce. Nous sommes le 13 décembre 1981. Andruet a 22 ans, Grimberg 24, Birmingham et moi 20.andruet,birmingham,grimberg,blanc,bouton,stawiarski,bouhallel
Est évoqué le lancement dans le « professionnalisme ». Les tournois open ne sont pas si nombreux et pour obtenir un classement international, il faut faire une performance supérieure à 2200 Elo dans deux tournois différents. Les classés FIDE supérieurs à 2200 en France étant peu nombreux, le rideau de fer n’étant pas encore tombé, toutes ces conditions rendaient difficile l’accès au titre de maître même pour ceux qui avaient déjà le niveau. Les difficultés sont donc là, les structures inexistantes et c’est le grand saut pour quelques passionnés. Andruet sera l’un des plus acharnés et parviendra
à ses fins par tous les moyens : le titre de maître et celui de champion de France.

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Fou du Roi (FDR) remporta le match 5,5 à 2,5 contre Lille dans ce match joué à Amiens le 13 décembre 1981. Je fus le seul à perdre contre le jeune Bouhallel, 18 ans :

« Drogou me téléphone le matin même à 8 h 30 pour remplacer un gars défaillant dans l’équipe première ! J’ai accepté rapidement et nous voilà embarqués en train à Amiens, les autres partent avec Drogou en voiture. Le train partit avec une demi-heure de retard due à un incident en gare de Saint-Denis (peut-être la neige). Enfin, il nous fallut manger assez vite au buffet de la gare d’Amiens. Trois premières catégories seulement en face. Comme le dit Birmingham, les trois derniers échiquiers assuraient 3 points. Cette remarque me porta certainement la poisse puisque je fus le seul à perdre. Sans chercher d’excuse, j’étais fatigué, la veille j’avais été voir Bernard Lavilliers (*) en concert, il m’a beaucoup déçu d’ailleurs. Cette expérience est très enrichissante en tout cas. J’ai pas mal discuté avec Grimberg et Andruet qui se sont lancés dans le professionnalisme ; l’expérience de Blanc est intéressante. Il était semi-pro et a dû abandonner à cause du manque de tout : privation d’autres loisirs, manque de temps, marginalisation. Bref le manque de structures est criant pour que des gars puissent mener une carrière « dans le circuit ».
J’ai mesuré le fossé qui me séparait de gars comme Andruet et Grimberg non seulement en ce qui concerne la compréhension de la partie, mais surtout sur la préparation théorique et la connaissance des « variantes maison ». C’est dans cette optique qu’il faut bosser sur l’Informateur, mais 82 balles [82 francs soit 12,50 € contre 28 € en 2012] à chaque fois, c’est dur à avaler, enfin je vais m’y employer, le problème étant de trouver l’argent. »


Équipe

LILLE

Score

FOU DU ROI

1.

Debouverie

?

Andruet

2.

Schall

?

Grimberg

3.

Stawiarski

?

Buchy

4.

Weill

?

Drogou

5.

Zuindeau

?

Birmingham

6.

Bertinchamp

?

Blanc

7.

Bouhallel

1-0

Bouton

8

Souane

=

M’Barki