Les chroniqueurs d’échecs gaffeurs

Chez le coiffeur, un Paris Match empilé. J’ai craqué en le feuilletant. Et Étienne Bacrot m’a fourni la matière d’une chronique. La semaine suivante, c’était Lautier dans Le Monde. Et il y a quelques jours, pour finir en apothéose, Jean-Pierre Mercier, dans Libération. Tous ont joué à Gaston Lagaffe. Et soudain, en tant que lecteur de base, je me suis dit qu’on se moquait du monde!

Paris-Match: Pour Étienne Bacrot, la gaffe, c’est la simplicité des combinaisons. Un gâchis pour un candidat au titre mondial… Mon voisin, qui connaît à peine les règles, me dit toujours « qu’elles sont trop faciles ». Il doit quand même bluffer, ce voisin. Je suspecte que les ridicules solutions en prose (‘cavalier prend f6’ -) doivent l’aider. De son côté, Paris Match a osé en réalisant le choc de la photo. Celle d’Étienne à 16 ans est passée à la trappe. Ouf! Mais déception, il n’y a plus de photo du tout!
La chronique? Elle est sèche: plus d’histoire ni de baratin sympa comme auparavant. Le poids des mots est-il trop lourd?

Le Monde: En voulant lire un article sur la récente élection à l’Unesco dans Le Monde, la chronique hebdomadaire de Joël Lautier (journal daté du dimanche-lundi 4-5 octobre) a failli me faire tomber de ma chaise. Consacrée aux parties miniatures, cette chro se tire un pion dans le pied. Je cite : « … Ces caractéristiques, ainsi que son intrinsèque brièveté, font de la miniature un genre de partie particulièrement prisé des chroniqueurs échiquéens en manque de place, au grand dam des miniaturisés qui se seraient bien passés de cette publicité supplémentaire. » Et mon Joël de nous publier subséquemment deux miniatures!!

Traduction pour le lecteur neuneu, un peu neuneu, beaucoup neuneu, à la folie neuneu: Joël Lautier ne savait pas quoi dire, n’a pas assez de place, mais en a quand même pour placer deux miniatures légèrement annotées.
Finalement, je ne suis pas tombé de ma chaise, mais mes bras s’en balancent.

Libération: Ce mercredi 7 octobre, mon patron m’avait interdit de regarder la télévision et ordonné de lire un journal payant. Bon. J’achète Libération direction chronique échecs. Côté nouvelles, comme d’habitude, on n’apprend rien de neuf quand on scrute l’Internet. Côté combinaison, la solution du n° 6675 est plus intéressante que la combine 6676. Je ne la cherche pas plus de 30 secondes. On est au métro Concorde et je dois changer.
Le lendemain, jeudi 8 octobre, même remontrance du patron qui m’a passé son New York Times de la veille. Devoirs à la maison avec heures sup’ ! Rachat de Libé quand même. Et là, j’ai failli m’évanouir dans l’espace-temps: même chronique que la veille!! Malade le Jipé? Non, je n’y crois pas… Je pense plutôt aux zeitnot légendaires de Jean-Pierre Mercier d’ailleurs détaillés de manière décomplexée dans son blog.

My guess? Il a dû louper l’heure de rendu de la chronique… et il est tombé « au temps ». Eh oui, dans la presse, coco, y’a pas encore de pendules Fischer! Le surlendemain, c’est-à-dire, le vendredi 9 octobre, la chronique reprenait son cours comme si de rien n’était: PAS UN MOT D’EXCUSE pour le lecteur-gogo-acheteur. Décontrasté, non?

Peut-être est-il sur le blog échecs de Libération ? (malheureusement mal indiqué sur le site de Libé, on doit passer par google pour le trouver). Non, silence radio à la soviétique avec 3 jours de retard pour les combinaisons. Il ne s’est rien passé donc tout va bien.

C’était notre chronique: « Je respecte mes lecteurs, et je suis droit dans mes bottes. »

P.S.: Félicitations aux crânes d’œufs de la nouvelle maquette de Libération: le petit diagramme de la solution placé en dessous du diagramme à chercher constitue au mieux une perte de place, au pire une ineptie pour un lecteur-joueur. Quant à mettre systématiquement le lieu de la combinaison à chercher en vert,  comme la météorologie toute proche, je vais consulter notre spécialiste nationale  Evelyne Delhiat pour avoir le fin mot de lhistoire. Personnellement, je préférais la présentation de l’ancienne formule. Mais comme on dit sur 64 cases, tous les coups sont dans la nature.