Cht de France de Pau: Chessy attitude
Vous avez suivi le championnat de France de Pau? Le National? Étienne Bacrot a remporté son sixième titre au départage dans les parties rapides contre Maxime Vachier-Lagrave. Selon moi, le titre devrait être partagé. Mais quid des 66 parties ainsi que des deux parties de départages?
La France est l’un des rares pays européens à organiser le titre national avec un tournoi fermé. Alors, comment se sont comporté les joueurs sur le plan de la combativité? « Chessy attitude » ou pas? Revue de détail et notation des joueurs: cliquer EN DESSOUS DU PANNEAU.
Toutes les parties téléchargeables ici (lien FFE).
1-2 Bacrot (8,5/11 6 gains, 5 nulles)
Note : 8
Type : Chessy !
Et de 6! Etienne récolte son sixième titre, égalant par là même le nombre de titres de maître César Boutteville, né en 1917 et 2197 Elo. Son gain décisif contre son concurrent au titre Laurent Fressinet (ronde 8) compte double. Une grosse petite frayeur contre Degraeve et il a suffi qu’il sorte la classe dans les parties de départage contre Vachier-Lagrave. Question pour deux champions (lui et Vachier): pourquoi se souhaiter bonne chance dans leur rencontre mutuelle ronde 11 en faisant une nulle de salon afin de tout miser dans les rapides?
Afficher la grille dans une nouvelle fenêtre ici (lien FFE)
1-2. Vachier-Lagrave: (8,5/11: 6 gains, 5 nulles)
Type : Chessy !
Note : 8. Le titre de champion de France devrait être partagé. Des rapides après 10 ou 11 rondes d’un tournoi fermé n’ont aucun sens.
Avec lui, on est prévenu: il garde toutes ses pièces et augmente ses chances. Une partie chanceuse quasi donnée par Degraeve, lequel joue un rôle décisif puisqu’il a fait une frayeur à Bacrot. Une déception dans les rapides: il s’est laissé surprendre dans l’ouverture et a mal réagi face à un Bacrot qui lui avait tricoté un risqué 6.f4 sur la Najdorf. Dommage, Maxime rate le coche alors qu’il avait réussi dans les départages contre un certain mister Blitz, V. Tkatchiev !
3. Fressinet 7,5/11 (5 gains, 5 nulles, 1 défaite)
Note : 7
Type : Chessy
Une partie modèle contre Sokolov, un Nataf déréglé contre lui. Mais il paie cher ses deux nulles sans jouer (Vaïsser-F et Mazé-F) alors qu’il peut désormais passer de 1.e4 à 1.d4 selon «le client». N’a pas assez forcé son talent d’autant qu’Étienne était présent. A noter sur le carnet: «Ne pas oublier de prendre rendez-vous avec un psy pour résoudre le complexe Bacrot.»
4-5. Mazé 6/11 (3 gains, 6 nulles, 2 défaites)
Note : 7
Type : Chessy moyen
En pleine ascension mais le «chauffeur» de Bauer est passé à côté contre les plus forts. Son jeu n’est pas encore stabilisé, mais attention, quand il se libérera, il faudra sûrement compter sur lui pour la course au titre. À moins qu’il ne décide d’élargir son répertoire d’ici là…
4-5. Bauer (1 gain, 10 nulles !) :
Note : 8,5
Type : Super Chessy !
Total respect; c’est l’homme qui est resté le plus longtemps à la table. Il a joué les parties les plus longues (une seule nulle sans jouer contre Sokolov). Inventivité, pression sur les joueurs, prise de risque. Une partie superbe contre Abergel, mais aussi beaucoup de déchets et de perte d’énergie à force de jouer toutes les ouvertures. Quand on a les défauts de ses qualités, cela ne paie pas!
Carton jaune ou carton rouge ? À l’instar du hockey sur glace, des pénalités de quelques minutes devraient être inventées pour paresse sur l’échiquier, peur ou impréparation. Voyons donc la suite du troupeau.
6. Sokolov (5,5) : un gain, une défaite ; en pilote automatique de parties nulles ensuite. Toujours aussi difficile à battre. Toujours impossible d’obtenir des positions gagnables. Où est passé le grand Andreï à moustache, candidat au titre mondial jouant de la guitare et le seul (hormis Kasparov) ayant failli battre Karpov en match avant que Short s’acquitte de la tâche.
7. Feller (5) : Avoir Dorfman comme professeur fait grandement progresser; mais dans ce National ce fut une Fingerfehler. En effet, les joueurs du National aiment tellement Dorfman qu’ils ont deviné ses préparations. Dorfman cuisinait, Feller appliquait. Merci Skype. A joué de longues parties tout en défendant crânement ses idées. La chance l’a servi et desservi. Peut mieux faire. Mais seul?
8. Abergel (4,5): Bon début (4 sur 6), mais la défaite de la 7e ronde contre Feller a été le déclencheur avant le tunnel de coups de bâton contre les plus forts du tournoi (3 défaites et une nulle de salon à la dernière ronde contre Gogor).
9. Nataf (4,5) : S’est mis en mode nulle assez rapidement. Finalement, il va devenir le grand pote de Dorfman! A noter sur le carnet: «Ne pas oublier de prendre rendez-vous avec un psy pour résoudre le complexe… Fressinet.»
10. Degraeve (4) : Un point cadeau à Vachier-Lagrave. Petite forme. Toujours cette différence de niveau entre les blancs et les noirs et un répertoire sans surprise. Ils devraient organiser le championnat de France à Cappelle-la-Grande: au moins, Jean-Marc serait motivé!
11. Apicella (3,5) : Pas une seule partie gagnée! Il faudra inventer un championnat de France où l’on interdit à Manu de jouer la défense Française qu’il pratique depuis qu’il a l’âge de quatre ans. Si, si. Cela me rappelle une conversation en revenant en voiture de Groningue avec Vaïsser et Psakhis; ce dernier venait de publier des livres sur la Française qui faisaient autorité. Et il venait également d’abandonner «définitivement» cette défense : «On joue tout de suite avec un fou de moins !» Mais pendant ce temps-là, la vente continue.
12. Vaïsser (2,5 sur 11). Aucune partie gagnée non plus: 1.g3 contre Nataf (nulle rapide), 1.b3 contre Mazé (0-1), 4 nulles de moins de 21 coups (dont Nataf), un score catastrophique avec la Française (4 défaites, 2 nulles). Jules César mettrait son pouce vers le bas, direction le National B.
Enfin, dernier carton jaune: la FFE n’a pas publié la liste des prix et/ou cachets du National et du National féminin. Aucun des 800 sponsors, c’est-à-dire les participants des autres tournois, n’a protesté. Donc, tout va bien…
c’est pas bien grave que les joueurs fassent preuve de combativité ou non, puisque visiblement les sponsors se « fontionnarisent » en lâchant des crédits alloués sans du tout se préoccuper de se qui se passe ensuite.
Et puis, les parties ne sont pas retransmises en direct, enfin, de façon décente je veux dire : même au temps du minitel, on pouvait déjà suivre des parties en direct en temps réel, là j’ai l’impression qu’on est revenu au temps du télégraphe…
Si le championnat de France ne sert pas de vitrine, je ne vois pas trop à quoi il sert, et on pourrait libérer les 2 semaines réquisitionnées pour les restituer aux organisateurs de tournoi homologués, qu’on puisse au moins faire un tournoi en choisissant soi même son lieu de tourisme.
A moins qu’il ne serve à remplir les poches de quelques personnes ?…