Pau: impressions techniques

C’est l’été, surfons. Surfons sur ce National A et B du championnat de France de Pau; la France n’a presque pas de pétrole mais ses champions ont des idées. Faisons un tour sur les vagues de la théorie des ouvertures en marche. Attention, bien que Lourdes soit proche, ne croyez pas aux miracles. Autrement dit, ne faites pas le lien de cause à effet entre le choix d’une ouverture et le résultat de la partie.

Vachier-Lagrave

J’adore la manière dont il joue la Grünfeld avec les noirs. Cela lui convient à merveille. L’idée n’est pas nouvelle, d’autres champions (du monde ou presque) l’ont adoptée avant lui (Fischer, Kasparov, Kamsky), mais dans un tel tournoi, affronter la Grünfeld, c’est comme essayer d’attraper une anguille. En leur temps, des joueurs comme Guelfand (variante 8.Tb1) et Topalov (grande ligne) étaient des « tueurs de Grünfeld », et ont fait grandement avancer la théorie. Messieurs les adversaires de Maxime, tirez les premiers !

Bacrot-Nataf : la baïonnette
Igor – Gogor pour les intimes – Nataf, grand spécialiste de l’Est-Indienne a osé jouer son ouverture fétiche contre Bacrot. Lequel a répliqué par la variante à la mode, la Baïonnette (9.b4).

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La partie ressemble à une mauvaise fin de la fable des trois petits cochons. Le loup Bacrot souffle, souffle sur les cases, tandis que Gogor tente de construire son mur de pierre. En fait, il sabote sa position comme un p’tit cochon avec d’abracadabrantesques manœuvres de cavalier (Cf6-h5-f4-g6-f8xe6 pour l’un et Cc6-e7-f5-h6-g8-pris en f6 pour l’autre!). Le loup souffle, mais ne s’essoufle pas. Résultat : Bacrot 1 – Gogor 0.

Prié: 2.a3 de jouer !
Igor Nataf avait osé 1.a3 en Coupe de France contre Jibé Mullon, (partie de 2006). Prié avait repris le flambeau bien avant en jouant 1.d4 et 2.a3. Bien que cette approche ait été tentée par des noms illustres tels Anderssen, Steinitz et Tchigorine, il y a quelque chose d’insultant pour les échecs de jouer ainsi. Mais après tout, rendre un temps de cette manière et jouer à mort la partie est toujours mieux que de jouer la théorie et de nous affliger d’une peureuse nulle (arrangée ou pas) de 20 coups en invoquant ‘une nouveauté théorique qui m’a surpris’. Merci Dorfi! Cela dit, Prié est tout de même grand maître et personne ne l’a coincé dans les 15-20 premiers coups! L’ami Éric devra-t-il toutefois trouver une nouvelle recette attrape-points? On lui fait confiance car son influence sur l’adoption de la défense Slave chez les meilleurs jeunes Français (Sebag, Fressinnette, Bacrot) fut décisive.

Fressinet: il joue facile et vite comme à son habitude. Et bien sûr, ses duels contre Bacrot et Vachier-Lagrave seront décisifs. Surtout au niveau nerveux. La magie de son répertoire est que personne, jusqu’à présent, n’a réussi à le mettre en difficulté quand il avait les noirs et qu’il jouait 1.e4 e5.