Allô, Marie Sebag? Ici Djack, Paris XVIIe

Quoi ? Le « bientôt nommé par la FIDE maître international » Jacques Elbilia secondant de la championne française Marie Sebag au super tournoi féminin de – atchoum– Krasnoturinsk? Djack a juste eu le temps de me dicter ses codes d’immeuble; mais mon cerveau fatigué n’a pas imprimé.

Rendez-vous est alors pris dans un cyber-café d’où Jacques appellait Marie. Un coup d’œil rapide sur le lieu: les dizaines de cartes prépayées semblent danser sur la devanture aguichante. Le monde entier est à portée d’oreille. À l’intérieur, des cabines cloisonnées protègent les internautes les uns des autres. Il fait trop chaud pour analyser plus avant.

Où est mon Jacques? Deux secondes avant de m’auto-éjecter de l’étuve, croyant l’avoir loupé, je vois un type bizarre, dans une cabine téléphonique. L’air hagard, en sueur, assis de travers presque par terre sur un mini-tabouret, un téléphone dans une main et un ordinateur portable dans l’autre. Bingo! Voilà le Djack. On se croirait dans un dessin animé ou dans un film des Marx Brothers, au choix.

À quelques milliers de kilomètres de ce XVIIe arrondissement black-blanc-beur, dans sa chambre, Marie Sebag écoute, demande, interromp. Djack parle fort. Marie parle plus. Les variantes défilent: « Mais de quelle position parles-tu ? » Il doit faire 35° C dans cette turne. J’attends dehors. Djack ressort un quart d’heure plus tard en nage.

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Jacques a une raison officielle d’être éreinté: il est officieusement secondant de la championne française Marie Sebag dans le super tournoi féminin. Pas éreinté par la polémique sur le mode des rapports exécrables voire inexistants et donc improductifs entre la Fédération et la meilleure joueuse française, non.

Djack traduit en termes techniques ce que les internautes et les fans de ce grand maître féminin à 2530 Elo ont vu: elle obtient de superbes positions, mais en gâche beaucoup. Bref, elle craque sous la pression, toute seule au fin fond de l’Oural.

Le coup sera d’autant plus dur que le surlendemain, alors même que toutes les adversaires de la Française la craignent, Marie perdra une position totalement gagnante contre la Bulgare Stefanova. Stefanova a un très fort Elo et est accessoirement l’une des meilleures « descentes » côté bouteille du circuit.

Forte de son expérience, Stefanova a balancé des coups faibles d’un air impérial, tout en assurance… obtenant « une vraie poubelle ». Cette assurance vite jouée, vite surjouée, plus la pression du temps et la Française a craqué toute seule.

Joli hold-up, comme un certain Bulgarie-France au football (Jean-Claude Moingt, si tu me lis…). En sortant du dîner où l’essentiel de la conversation a porté sur des variantes et la préparation technique… et psychologique (!) d’une Marie qui n’a pas encore montré toutes ses facettes, nous croisons par hasard le GMI Olivier Renet et sa petite famille au complet. Il habite le secteur. Comme vous, c’est promis, il ira voir les super parties d’un tournoi où ces dames jouent toutes les parties à fond. Merci qui?

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