Les Meldois dans l’engrenage de la victoire

Coupe de France, dimanche 17 février 2008. 
Meaux (Seine-et-Marne) – Vincennes (Val-de-Marne).

Les Meldois reçoivent les Vincennois. Le zeitnot débute car notre équipe, Vincennes, part  avec un léger retard pour rejoindre une tour  ‘Alsace’ dans le quartier Beauval  de Meaux.  Rien à voir avec le magnifique centre-ville, mais c’est ainsi : le club est là depuis 1986, emmené par l’ineffable Jean Vaast.  Rien à dire, en Coupe de France, les Meldois sont dans l’engrenage de la victoire.

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Jean ne m’a pas reconnu de prime abord. Cela fait quand même près de trente années que l’on se connaît pourtant… Avec ma casquette et des lunettes, j’aurais pu jouer dans les Brigades du Tigre, mais à ma décharge,  Jean avait aussi une barbe blanche comme celle de Prof dans Blanche Neige et les Sept Nains.
« J’étais encore avec le maire ce matin » explique  Jean à notre arrivée. Le maire ? Rien de moins que Jean-François Copé, pilier de l’UMP, un Meldois qui émarge depuis peu dans le privé deux demi-journées par semaine pour un cabinet d’avocats. « Un jour par semaine, c’est rien » justifie Jean. Mais en termes de météorologie actuelle à l’UMP, c’est peut-être beaucoup. Passons…

Cela dit, les anciennes photos qui ornent les murs du club montrent un réel intérêt du maire pour les échecs : on y voit en effet Copé avec ses costumes fripés des années 1990, ses cheveux encore bruns de maire investi, prompt à remettre des médailles à des petits n’enfants. C’est à ce genre de détail qu’on peut mesurer, toutes tendances politiques confondues, l’impact du jeu d’échecs dans les mairies.

Sinon, M. Copé est donné gagnant, selon un dernier sondage, au premier  tour des prochaines municipales à 77 %. Copain Copé sait compter : il semble surveiller de près les investissements républicains dans ce club d’échecs comprenant comme fers de lance les titrés Chtekatchev, Lupu, Rrhioua, Luce et le jeune talent Guilleux.

L’accueil est sympathique. Café gratos et Jean reste égal à lui-même : il prend son pied avec les règlements ! Nous sommes arrivés avec quelques minutes de retard, la feuille de match est bêtement restée dans la voiture. Coût final : 17 min sur chacun de nos quatre échiquiers dans une cadence 2h/40 coups et 1h/KO. Rien à dire: Dura lex sed lex. 
Un des mes coéquipiers va aggraver notre cas et procurer un plaisir supplémentaire à ce cher Jean, par ailleurs inconditionnel (comme moi) des tournois open de l’île de la Réunion : Voyant que son portable est resté allumé, mon coéquipier  sort de la pièce de jeu, et l’éteint consciencieusement dans la salle d’analyse. Mais icelui portable couine. Jean qui était en position drone dans la salle,  se met alors en position piqué, pique un fard et lui coupe le sifflet : perte par portable: « Je ne veux rien savoir ! »
Le Meldois Pinard, une vieille connaissance des championnats de Seine-et-Marne par équipes, est l’heureux vainqueur de cet incident  et  ne comprend rien à ce qui lui arrive ; il vient de gagner par forfait une position équilibrée sur l’échiquier.
Peu importe,  le match était déjà plié : je suis foutu au premier contre le jeune Guilleux, Meaux (Lupu) résiste positionnellement avec les noirs au 2 avec une avance considérable au temps. Au 4,  Meaux (Rrhioua) a l’initiative, l’attaque,  et l’avance au temps. Résultat final : 4-0 pour Meaux avec photos souvenirs dans tous les sens de ce cher Jean.

Il y a des fins de semaine, comme ça, où j’aurais préféré déconner avec Jean autour d’un plat typique réunionnais et d’un punch à l’open de l’Étang Salé, à quelques milliers de kilomètres d’ici, sous le soleil, plutôt que de me prendre ma bulle automatique en rentrant par l’autoroute A4 et de finir dans la crasse du RER A en lisant la page « Week-end » de Libération.

Le site de Meaux-Beauval

Résultats du 4e tour de la Coupe de France