Clichy champion de France : impressions

C’est toujours comme cela à Paris : on a tout à portée de main, et on rechigne à y aller. Un ticket de mét’bus (© de l’expression : JP Mercier) et en route pour l’hôtel Holiday Inn qui accueille la phase finale du championnat de France par équipes à Clichy. Conseil pour la prochaine visite : se shooter avec un i-pod dans les oreilles. En effet, depuis tant d’années, le niveau des décibels n’a pas baissé entre la sortie du métro et l’arrivée à Clichy (une avenue, une station-service et le passage sous le périf’…).

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Décibels
L’Holiday Inn n’existait pas quand je jouais à Clichy dans les années 1980. C’est un truc classe. À l’extérieur des baies vitrées, quelques joueurs en grillent une : ils font de la résistance dans cette ambiance anti-tabac ce vendredi 1er juin. Vallin termine sa taf’ en me saluant d’un mouvement de tête puis poignée de mains. C’est la première de la trentaine en 2 h 30 de présence sur le site. Déjeuner light, plongeon dans une salade (14 euros sans le demi de bière syndical) avec les arbitres Mouret et Bellet. Coucou à l’arbitre principal, Nadir Bounzou : pas le temps, il avale un sandwich en blitz sans tacher sa cravate.

Les gros Zelo en haut
La poule haute joue au rez-de-chaussée et la poule basse joue dans une salle un chouilla plus spacieuse au sous-sol. Café et boissons à volonté pour les joueurs comme l’indique un panneau. Peu à peu, les joueurs arrivent. Le choc Cannes-Clichy et Clichy-Paris Chess 15 n’a pas encore eu lieu, mais à ce niveau, les matches sont âprement disputés.

Tas le look, coco!
Au cours des années, le look des joueurs d’échecs a peu évolué : un seul costard-cravate (le MI Didier Collas, merci vieux), deux joueurs en tongues ( !) et short ; à leur décharge, quelques équipes ont dorénavant des maillots. Je trouve ça tarte, mais si ça peut motiver l’esprit d’équipe…

Entrée dans la salle
L’édimestre (comme disent les Québécois) d’EE, Gérard (chemise) Demuydt règle la caméra devant la partie Sebag-Kazhagaleïev. Salut Bob (Fontaine), bonjour Gérard.-Bonjour. Tout le beau monde arrive et mon appareil photo de plage crépite. Cannes-Evry : Notre champion d’Europe Vlad est très concentré contre Marcelin (1-0). Godena-Brochet : Brochet a été pris dans les filets (sic) de l’Italien, son grand retard avant le premier coup y est sûrement pour quelque chose. Longue discussion avec ‘Api’(cella) toujours souriant et retrouvailles avec Vaïsser qui était à Moscou au moment du décès de Rochal.medium_1juin-Clichy_phase_finale_Api-rit.jpg

Clichy-Antibes ne posera aucun problème d’autant qu’Antibes a un forfait au dernier, c’est donc pour cela qu’Almira Skriptchenko est sortie en trombe de la salle du tournoi. Romain Edouard, avec une démarche à la cool, identique à celle de son père, était en fait tendu : il est passé à côté de son sujet et perd très vite contre Omar Stoppa. Entre deux coups, Marie Sebag discute le coup, détendue ; elle sera la seule à ramener le point à Cannes. Étienne Mensch (Bischwiller) me parle de spécifications de ChessBase sur les moteurs à installer ‘par défaut’ ; l’en connaît un rayon l’homme. J’ai envie de chanter ‘Étienne, Étienne’ pour l’encourager, mais j’admire le style classique de son adversaire du Paris Chess 15 : Gouliev gratte les cases une à une sur son ouverture favorite, le gambit dame accepté. Joli. Et le pauvre Étienne déchantera.

Et mon Roland Garros ?
Quelques kibbitz, des habitués, étaient venus voir les parties. Mais le manque de place a gêné ces seniors qui se sont rabattus sur l’écran du bar retransmettant alternativement deux parties d’échecs sur écran et les matches de tennis de Roland Garros. Ils râlaient encore ; ben oui, il y a de la publicité !

Je zappe…
Un bonjour rapide à Willy Icklicki, un ancien de la FIDE. « Tu veux faire une interview de Boris Kutin et du bureau, ils se réunissent pour la francophonie ? » – La quoi ? Oui, cela fait des « en-nées » comme on dit à Mont’llier qu’on en parle. Je ne sais pas très bien ce que la francophonie échiquéenne a organisé. Bon, on verra, mais ce sont les mêmes qu’il y a dix ans. Gardons espoir.

« C’est mauvais parce que »
Fabien Schmitt m’alpague. Lunettes in. Un gars agréable et bien dans sa peau. Il me parle de Sylvain Zinser, du temps où ce dernier lui enseignait dans des cours collectifs les bons coups dans les ouvertures. Schmitt l’interrogeait : « Et pourquoi 3…Fc5 est mauvais sur l’Espagnole ? » Réponse de Sylvain : « Parce que. » C’est vrai, pourquoi en rajouter ?

Le régional de l’étape
C’est ainsi que s’est présenté le MI Sébastien Luce. Il habite en effet à 5 min à pied depuis des années. Luce, Moingt, Renet, toute cette ex « clichaille » était présente sauf Jicé, exceptionnellement absent ce jour-là. Luce, c’est un personnage et aussi pas mal de souvenirs pour les Clichois et ses adversaires. Me revient à l’esprit un interminable voyage en train de retour du ‘Berliner Open’ : nous analysâmes pendant des heures et des heures sa Vieille Indienne qu’il gagna à la dernière ronde contre une jeune pousse. Luce jouissait littéralement de confisquer les cases à son adversaire. Un délice.

Taisez-vous Elkabbach!
Dans le hall, grande discussion sur les médias et les sponsors entre Renet, Jordi Lopez et quelques autres. Je n’ai pas suivi, mais ça faisait du bruit. Quand des joueurs parlaient fort, Degraeve est sorti de ses gonds : vachement rare ; il jouait tout près de la porte.medium_1juin-Clichy_phase_finale-Degraeve.jpg

Les médias
C’est l’Everest, les médias ; ils sont méchants et parlent peu des échecs. Sauf que cette semaine-là, Le Parisien du 31/05/2007 (archives payantes sur le site) parlait d’un projet de généralisation d’enseignement du jeu d’échecs par le recteur de l’académie de Créteil pour lutter contre l’échec scolaire. Et puis, il y avait une photo de Jean‑Pierre Chevènement dans Match. Le poids de la photo ? Le vieux lion de Belfort était bien jeune, en 1977, avec cet échiquier devant lui ; je laisse le commentaire de Match à propos de la bataille qu’il mena à l’époque avec Mit’rand. Pardon, Mitterrand.

Toiletgate à Clichy
En allant aux toilettes, j’ai eu une pensée furtive pour le ‘Toiletgate’ d’Elista lors du match Kramnik-Topalov. Ici, 16 équipes de 7 joueurs plus ou moins le capitaine [s’il joue], soit environ 110 hommes : 1 toilette. Sauf erreur, je n’en ai pas trouvé d’autre. Même chiffre pour le
s femmes, mais elles étaient 16 plus les copines de joueurs. Danailov n’était pas là pour compter les allées et venues.

Bacrot : le retour
Après s’être fait siphonner par Kamsky au championnat du monde à Elista, Étienne Bacrot est revenu dare-dare pour jouer les deux dernières parties pour son club, Paris Chess 15. Un gain contre Eliet (avec les blancs au 5e) puis remontée au 1er le lendemain contre Cannes (nulle avec les noirs contre Fontaine). Bof. Quant à Elista, ce fut un cauchemar. D’après son jeu, Étienne semblait malade ou à côté de ses pompes. Et pas de chance, son club a reçu une fessée de la part de Cannes lors de la dernière ronde, donnant ainsi le titre à Clichy. Qui a peut-être dit merci. 

Merci qui ?
Merci la fédé ; voir les parties ici, sur le site fédéral
Et le compte-rendu de la FFE figure à cette adresse, sur le site fédéral. Notez le collier de barbe de Jicé III-président, un collier à la Juju (Julien Dray).