Bob Fontaine : le Français qui gagne

Le GMI Robert Fontaine, 26 ans au compteur vient de remporter en solitaire le fort open de neuf rondes de Stockholm (Suède), la traditionnelle « Rilton Cup ». C’est qu’il est devenu coriace à battre le jeune. Bob n’avoue consacrer que « quelques minutes » par mois aux ouvertures. Vous le croyez ? Moi oui. Après cinq mois sans jouer, il avait manifestement faim. En juin 2006, il remportait le tournoi de Las Vegas suivi d’une première place partagée à Val Thorens pour finir en trottinette 3e du championnat de France.

Robert Fontaine, l’air sérieux à Stockholmmedium_fontaine_rilton0607.2.JPG –> Photo : D.R.

Bon, c’est vrai, on l’avait vu venir de loin. Dans les années 1990, ce bonhomme n’était qu’un gosse qui jouait déjà bien. Il était membre du club de Clichy. Le président d’icelui, Jean-Claude Moingt, lui promettait un bel avenir. En blitz :
1995 : 1re norme de MI à Enghien.
2e norme l’année suivante au tournoi de Savigny-le-Temple.
3e norme en 1997 due au fait qu’il fait sa 1re norme de GMI. Il faut attendre
2001 (le National de Marseille) pour la deuxième norme de GMI.
Et la troisième en 2002 à Novi Sad lui donne le titre de GMI. À vie, comme pour les autres.
© R. Fontaine pour sa mini-bio citée de tête.

Voir un Français gagner un fort open, c’est plaisant. Surtout quand on sent l’aisance. Il en a encore dans la chaussette le brave ! Impression bizarre tout de même. Au fur et à mesure de sa marche vers la victoire, une image m’est revenue. Je ne voyais plus « Bob » mais me remémorait Robert Fontaine, ce gamin qui prenait des cours avec Polougaïevsky en 1994-1995, peu de temps avant le décès de ce super GMI. L’enterrement de Polou en septembre 1995 au cimetière Montparnasse, fut très émouvant. Rochal, le rédacteur en chef de 64, était en train de déclamer en russe devant sa sépulture quand le môme Fontaine arriva légèrement en retard avec sa mère. L’émotion fut trop grande et le gosse tomba dans les pommes !

Lundi 8, dans une conversation informelle avec Bob, il raconte : « J’ai été en contact avec Lev car à l’époque il entraînait Adrien Leroy. Durant un championnat jeunes à l’étranger, mon père est allé le voir et il lui a demandé ‘cash’ s’il accepterait de me donner des cours. Il a accepté. »
Ensuite, Dorfman a pris le relais. Dorfi n’a pas son pareil pour transformer de jeunes pousses en de bonnes plantes. Les joueurs d’échecs le trouvent cher, mais ils ont en tous pour leur argent! « Il a consolidé mon jeu positionnel, et c’est sûr que sans lui, je serais peut-être devenu GMI, mais cela m’aurait pris des années. » Et depuis ? Eh bien, Robert a continué, un peu tout seul, sans sponsor et sans entraîneur. Il est dur à battre et il progresse à sa manière, fidèle à Cannes-Échecs où il est entraîneur.

Devant un échiquier, il a l’air si sérieux. La concentration incarnée. Continuer comme un pro ? La réponse fuse : « Si je peux faire autre chose, j’arrête les échecs. Je ne suis pas fan de ça. Si j’atteins 2600 Elo, c’est bien, mais ce n’est pas une super priorité, il faut que je gagne ma vie. » Et en plus, il a du bon sens… Comme il fallait aller à la pêche pour voir les parties sur le site de la Rilton Cup, Robert nous a fait un cadeau : ses parties sous format cbv.
– Ah, au fait, Christophe, tu as ChessBase ? « Bob. J’étais en reportage à Monaco, il y a quelques années, en train de prendre des photos pendant les cinq premières minutes quand tu m’as appelé de nulle part pour savoir comment on fusionnait les parties. »
– Euh…

Bon, chers zoditeurs, j’ai dû enlever toutes les annotations de la base envoyée par le gé-aime-i, de sorte qu’elles sont « sèches »: Fontaine_Rilton_lavage.pgn Fontaine_Rilton_2006-2007_lavage.cbv


Et pour ceux (celles) qui veulent en savoir plus, une visite sur son blog s’impose.