Tombe d’Alekhine et le bon roi Dagobert

J’ai dû blitzer vendredi dernier entre midi et deux. Dagobert Kohlmeyer, le journaliste échiquéen allemand, était de passage à Paris. Il voulait que je lui serve de guide. Dagobert est principalement photographe d’échecs, mais il écrit aussi des articles. Il a grandi en Allemagne de l’Est ; nous nous sommes revus à Elista en 1996, de sorte qu’il commence une phrase en allemand et qu’il la termine en russe. Allô, Krisstôôf… Il voulait absolument photographier la tombe d’Alekhine. Détruite suite à la tempête de 1999, elle ressemblait à ça :

 

Le reste –  du marbre rose venant de Suède et complètement pulvérisé –  avait été mis de côté par les services du cimetière Montparnasse, très occupés à faire le ménage entre les arbres tombés et les tombes endommagées. Les années passent. Fédération…. zzzzzz, service culturel de l’ambassade de Russie… zzzz. Ce n’est que début 2003 que la tombe d’Alekhine est enfin restaurée. L’ambassade de Russie a été seule à payer la note : plus de 20 000 euros. Le résultat n’est pas tout à fait conforme à l’original, mais l’occasion a permis de redonner du lustre à l’une des tombes les plus visitées du cimetière parisien. Si, si ! Certains mettent des cailloux sur les cases. La tombe est souvent fleurie. Pour la route, voici une photo datant de juillet 2004 © Denis Teyssou. Le père Denis, également journaliste, s’est lâché et a pris plein de photos. Voir l’album photos, colonne de droite, en bas.

Finalement, je n’avais pas trop de temps pour Dagobert. Il voulait me prendre en photo. Mais si j’aime faire le guignol, ce n’est pas devant une tombe. Nein, danke. Donc, je l’ai pris en photo devant la tombe. Le pro, il avait deux appareils. L’était tout content, il me faisait même les cadrages ! ‘Ach Kristof; mein Freund, kannst du… un dernier truc’. Il voulait aussi shooter Maupassant. Ben, tu vois, c’est là sur le plan, voyons… par rapport à Gainsbourg, ah oui ! tu l’connais pas. Le voyant penché sur son plan, je m’imagine chanter : ‘C’est vrai, lui dit le roi, je vais la remettre à l’endroit’. Excuse-moi Dagobert, pas pu m’empêcher d’la faire, celle-là. Ne sachant pas au moment où je rencontrai Dagobert si Topalov allait jouer pour Monaco dans le Top 16, Dago, bonne pâte, me propose ‘de l’appeler sur son portable’. Non, faut pas exagérer. Je ne voulais pas déranger Alekhine.

Ce qu’on peut lire sur la tombe d’Alekhine:

Alexandre Alekhine génie des Echecs de Russie et de France

1er mars 1892 – 25 mars 1946

Champion du monde des échecs de 1927 à 1935 et de 1937 à sa mort

Grace Alekhine née Wishap (1876-1956)

Cette tombe a été érigée le 25 mars 1956 par la FIDE (Fédération internationale des échecs) Folke Rogard président (Suède) Viatcheslav Ragosin (U.R.S.S.) Marcel Berman vice président (France) Mikhail Botvinnik champion du monde (U.R.S.S.) Gian Carlo Verme (Italie) Pierre Dierman (Belgique)

© D. Kohlmeyer par lui-même: