Assassinat d’Andruet : Sacha Rhoul acquitté !

Il a suffi de quatre jours de débat et d’une heure trente de délibéré pour clore une affaire qui dure depuis 1995. Sacha Rhoul, accusé de l’assassinat du maître international Gilles Andruet a été acquitté ce jour par la Cour d’assises d’Évry à 17 h 45.

Il aurait fallu 6 voix sur 9 pour le condamner (6 jurés titulaires et les 3 magistrats). En une heure trente de délibéré, la Cour a acquitté l’accusé. Sa tâche était en quelque sorte simplifiée dans ce dossier complexe et familial : l’avocat général avait fait une prestation de 20 min… demandant l’acquittement !

La défense s’est réjouie de cette approche tandis que la partie civile a paru abasourdie. Aucun des points litigieux voire même les endroits où l’accusé aurait pu être cuisiné n’a été soulevé par l’avocat général. Dans ces 20 min, l’avocat général a également parlé de la décision de justice concernant l’acquittement de Joseph Liany, ce qui est au minimum très surprenant pour un représentant de la loi.

Joseph Liany, l’oncle de Sacha Rhoul, a été condamné en 2003 à 15 ans de réclusion criminelle puis acquitté en 2006. Venu à la barre en début de semaine, il a servi une énième version sur sa soirée, le jour du crime, dans sa maison de Bonneuil.

Franck Liany, le cousin de Sacha et fils de Joseph, n’était dans le dossier que dans le passé judiciaire : il avait accepté sa peine pour recel de l’argent déposé par Gilles Andruet à la banque Chaabi, la seule qui avait accepté le dépôt des 370 000 francs (60 000 euros) issus de la vente d’une maison familiale. Cet argent a causé la perte du champion d’échecs. Gilles Andruet ignorait ce qu’était une procuration sur un compte bancaire ! Frank et Joseph l’avaient introduit dans cette banque car Gilles était interdit bancaire partout.

L’ombre du cousin, de l’oncle et de la sœur de l’oncle, Sylvia Liany, ont plané tout au long des débats et dans le dossier. Me William Bourdon, l’avocat de Jean-Claude Andruet, a souligné les mensonges et les incohérences servies par Sacha Rhoul.
Sacha Rhoul avait répondu absent à une convocation des enquêteurs et s’en était allé au Maroc. Condamné par contumace alors qu’il aurait pu, selon son autre avocat Me Bottai, être joint, le jeune Sacha Rhoul « avait peur de rentrer en France ».

Piégé par un paparazzo de Paris Match en train de lire avec son père à Marrakech un journal qui parlait du développement de l’affaire, l’hebdomadaire avait démontré à lui seul le peu d’empressement des autorités françaises à rattraper quelqu’un fiché par Interpol. « On l’a retrouvé en deux heures grâce à une femme de ménage qui connaissait tout le show-biz de Saint-Tropez » a dit à la barre le père de Gilles.


Un coup de baguette magique politique à haut niveau entre le président Sarkozy et le roi du Maroc a changé la donne en 2010 : Sacha Rhoul a été extradé sans son passeport marocain (« j’ai été traité comme un chien » dira Sacha Rhoul à la barre). Il est resté libre en France sous contrôle judiciaire depuis.

Beaucoup de choses restent étranges dans ce dossier. Des témoins aux versions différentes, 18 témoins convoqués arborant un certificat médical (procès 2003), un Sacha Rhoul se présentant comme le gendre idéal repoussant la drogue alors que son meilleur ami d’alors et employé Gilles Simon est un toxicomane notoire qui se suicidera. Ce suicidé est aujourd’hui soupçonné post mortem d’avoir massacré la victime à coups de batte de base-ball.

Du côté de la défense, on a invoqué le « procès de la rumeur », la partie civile reconnaissant qu’il n’y avait pas de « preuve absolue », mais invoquant l’intime conviction des jurés.

Ce soir, Sacha Rhoul, qui n’a cessé de clamer son innocence à la barre, a évité la prison. La justice en a décidé ainsi. Après le prononcé du jugement, il a fait, presque en larmes, et avant son épouse, une longue accolade à son avocat Me Dupond-Moretti.

Le 21 août 1995, entre minuit et 5h40, Gilles Andruet a été massacré au visage, à la pomme d’Adam et à un bras par un objet contondant de type batte de base-ball.

Ce soir, on ne connaît toujours pas la vérité sur cette soirée tragique. La justice ne connaît pas l’auteur ou les coauteurs éventuels de cet assassinat. Ce n’est pas Joseph Liany : acquitté. Ce n’est pas son fils Franck Liany, accusé de recel et qui a purgé sa peine. Ce n’est pas Sacha Rhoul : acquitté ce soir. Loïc Simon s’est suicidé.

Reste l’assassinat horrible sans auteurs d’un cerveau génial pour l’équivalent de 60 000 euros. Avec un père condamné à vie à rechercher la vérité. Et dix-huit ans après, toujours autant de questions sans réponses.